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Chez Amazon France, la grève ne prend pas

A trois jours de Noël, la CGT avait appelé à la grève sur les quatre sites français du géant de la vente en ligne. Le syndicat réclame de meilleures conditions de travail et une augmentation générale. Mais le mouvement est peu suivi.
Article rédigé par Camille Garnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Des employés en grève devant l'entrepôt Amazon de Bad Hersfeld en Allemagne. Outre-Rhin, 1100 à 2400 personnes poursuivront leur mouvement, entamé il y a plusieurs jours, jusqu'au 24 décembre. © Maxppp.)

 A la CGT, le constat est amer : aucun grèviste à Lille, Montelimar et Sevrey, seulement 12 à Saran, près d'Orléans. L'appel à la grève lancé à quelques jours de Noël pour obtenir une augmentation générale et de meilleurs conditions de travail ne semble pas avoir été entendu par les salariés du "plus grand entrepôt du monde".  

"La direction a mis en place une stratégie" Sébastien Boissonnet, délégué syndical CGT

A moins que cette faible mobilisation ne soit, comme le suggère Sébastien Boissonet délégué syndical, le résultat d'une stratégie de la direction : "Amazon a accepté et même proposé des congés aux employés cette semaine alors qu'il était prévu qu'ils ne puissent pas en prendre jusqu'au 24 ". Et pour remplacer ces grévistes potentiels expédiés en vacances, le groupe a fait appel à des intérimaires, plus dociles. "Un intérimaire ne peut pas se mettre en grève, sinon c'est la fin de mission ", explique Sébastien Boissonnet. 

En Allemagne, 1.100 à 2.400 grévistes en Allemagne

Malgré tout le syndicaliste veut croire que ce mouvement portera. "Le symbole reste fort car nos collègues allemands sont eux aussi en grève jusqu'au 24. C'est la première fois que deux pays se mettent en grève en même temps chez Amazon" . Outre-Rhin, la mobilisation est d'une toute autre ampleur puisque 1.100 à 2.400 employés des entrepôts sont en grève. Un appel avait déjà été lancé l'année dernière par le syndicat allemand Verdi.

La direction française de son côté ne semble pas encline à ouvrir le dialogue et n'a rien changé à ses délais de livraison. Elle indique que pour être livré avant le 24 décembre au soir, il faudra passer commande avant demain 13 heures (contre 10 heures les années précédentes). Des délais toujours plus larges et une surenchère de réactivité qui se traduit par une pression supplémentaire au sein des entrepôts.

Le "meilleur des mondes"

Une attitude qui ne surprend pas Jean-Baptiste Malet. Ce journaliste s'était fait embaucher à Noël 2012 avec 1.200 autres salariés intérimaires au sein de l'entrepôt de Montélimar, dans la Drôme. Il en a tiré un livre : En Amazonie : infiltré dans le meilleur des mondes . "Amazon est une entreprise antisyndicale et n'a pas de scrupule à employer plus d'intérimaires pour lutter face à un débrayage ou une grève. Au moment de la période de Noël, un entrepôt va doubler ou tripler son nombre d'employés ", a-t-il expliqué sur France Info.

"Sur le long terme, Amazon a du souci à se faire" ( Jean-Baptiste Mallet, journaliste)

Des employés dont il a vécu les conditions de travail harassantes : des fouilles au corps à chaque passage de portiques, 20 à 25 km parcourus par vacation, des douleurs dans le dos, au cou, et aux poignets, seulement deux pauses de 20 minutes et pour couronner le tout, pas de visite médicale. Il comprend donc les motifs de cette grève mais ne s'attend pas à un changement immédiat : "La CGT est en train de s'inspirer des syndicats allemands pour de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Il y a peu de chance pour que cette grève aboutisse mais, sur le long terme, Amazon a du souci à se faire en Europe. Car cela bouge aussi en Angleterre."

"Amazon est une entreprise antisyndicale" Jean-Baptiste Mallet, journaliste et auteur de "En Amazonie : infiltré dans le meilleur des mondes"
  

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