Christophe de Margerie, l'atypique patron le plus puissant de France
"Une société qui gagne de l'argent, c'est une cible facile. C'est un bouc-émissaire. C'est ma grosse bataille. On aime bien les gens de Total mais on n'aime pas Total. Parce que Total est un mythe. Gagner de l'argent n'est pas en soit négatif. Total fait beaucoup plus qu'on ne le pense en tant que société française. Ça sera reconnu peut-être un jour" , disait-il en février 2012 sur France Info Christophe de Margerie.
Mais il avait fort à faire, la marque Total restant attachée à la marée noire de l'Erika, à la catastrophe d'AZF et à d'énormes bénéfices à l'origine chaque année d'une polémique.
Un adepte du parler-vrai
Christophe de Margerie, 63 ans, avait un profil atypique pour un grand patron du CAC 40. Il n'était pas ingénieur, n'avait pas fait Polytechnique. Il était issu d'une famille de diplomates et de dirigeants d'entreprises et diplômé de l'Ecole supérieure de Commerce de Paris.
C'est aussi un pur produit Total. Il y aura fait toute sa carrière. Il était entré dans le groupe en 1974 à la direction financière du géant pétrolier. Puis il en avait gravi tous les échelons avant d'en devenir le patron incontesté en 2010. Ce qui lui laissait une grande liberté de parole. Du World Economic Forum de Davos au think tank Brookings Institution de Washington, en passant par une série de forums, et par l'Elysée, il ne perdait pas une occasion de s'exprimer, sans langue de bois.
En avril 2011, il avait été à l'origine d'une polémique en affirmant que le prix de l'essence dépasserait un jour deux euros le litre. Là il venait de participer à une réunion sur l'investissement étranger organisée par le gouvernement russe lundi à Gorki, près de Moscou. Lui ne boycottait pas Vladimir Poutine. En septembre dernier, il avait d'ailleurs plaidé pour un dialogique "constructif" avec Moscou : "Je ne plaide pas pour la Russie, mais pour plus de compréhension. Les sanctions sont une voie sans issue, l'interdépendance économique en revanche nécessite un dialogue constructif. "
Il voulait préparer sa succession...
En mai dernier, les actionnaires de Total avaient accepté de repousser la limite d'âge du président du groupe de 65 à 70 ans et celle du directeur général de 65 à 67 ans. A ce moment-là, il avait annoncé qu'il préparait sa succession : "Je fais le nécessaire pour que, le jour venu, le conseil puisse choisir et annoncer le nom de mon successeur. Dans la culture Total, ce sera quelqu'un du groupe."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.