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Travail le dimanche : les futures zones touristiques internationales font polémique

Les syndicats du commerce contestent le projet de Bercy qui définit l'emplacement des futures zones touristiques internationales où il sera possible de travailler le dimanche dans la capitale.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture écran de la carte du projet des 12 futures zones touristiques internationales à Paris. (MINISTERE DE L'ECONOMIE / FRANCETV INFO)

Même adoptée et promulguée, la loi Macron continue de créer des remous. Mercredi 19 août, les syndicats du commerce ont vivement critiqué le projet définissant les futures zones touristiques internationales (ZTI), où les magasins pourront ouvrir le dimanche et le soir en semaine jusqu'à minuit.

Le projet du ministère de l'Economie compte 12 zones au total, auxquelles il faudra ajouter la quasi-totalité des gares parisiennes. Le Clip-P, le comité intersyndical du commerce parisien (CGT, CFDT, Unsa, CGC et SUD), proteste contre cette répartition qui englobe des centres commerciaux "peu connus pour leur grande affluence touristique" et dénonce "la généralisation du travail du dimanche".

1Où vont se situer les futures zones touristiques internationales ?

Selon les documents transmis par Bercy aux élus parisiens, aux syndicats et organisations professionnelles, 12 zones ont été proposées à Paris et trois autres en France, à Cannes (Alpes-Maritimes), Nice (Alpes-Maritimes) et Deauville (Calvados). 

Loin de se contenter des huit zones à Paris déjà classées en "zone touristique municipale" par les mairies, qui rassemblent les lieux touristiques comme les Champs-Elysées ou Montmartre, le ministère propose d'ajouter quatre autres zones, plus connues pour leurs centres commerciaux que pour leur attractivité touristique.

Il s'agit entre autres du centre commercial Beaugrenelle dans le 15e arrondissement, de la dalle des Olympiades, de la Bibliothèque François Mitterrand dans le 13e arrondissement ou encore des abords du Marais et la place de la République entre 3e et le 11e arrondissement.

Lors de discussions à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron avait donné les critères permettant d’établir ces ZTI : le rayonnement international de la zone, l’affluence exceptionnelle de touristes étrangers et l’importance des achats réalisés par des étrangers, énumère Libération.

2Pourquoi leur répartition déplaît aux syndicats ?

Fermement opposé au travail le dimanche, le Clic-P dénonce "une victoire des grands patrons du commerce". Interrogé par francetv info, son porte-parole Eric Scherrer y voit une manière de généraliser le travail dominical : "Emmanuel Macron avait dit qu'il créerait huit zones touristiques à la base, et non douze. Quand je vois leur répartition, c'est une blague ! Depuis quand les centres commerciaux d'Italie ou de Bercy sont des hauts lieux touristiques ?"

En outre, les nouvelles zones touristiques internationales et les gares vont englober tous les magasins Fnac de Paris. "Une coïncidence heureuse !", ironise Eric Scherrer. A travers cette répartition, le Clip-P estime que le gouvernement permet un passage en douce de "l'amendement Fnac", initié par le PDG de la chaîne de magasins culturels Alexandre Bompard. Il prévoyait que "les commerces de détail de biens culturels" puissent ouvrir le dimanche, mais avait été abandonné par le Sénat en juin.

3Comment réagit le ministère de l'Economie ?

Face aux critiques, le ministère de l'Economie s'est défendu en assurant que ces nouvelles zones ne concerneraient que 6% de la capitale, alors que les représentants des commerçants demandaient une couverture de 10% du territoire parisien. "Elles ont été dessinées grâce aux remontées des commerçants, qui disent recevoir de nombreux paiements étrangers et laissent de côté les arrondissements les plus habités", assure Bercy. Le ministère ajoute que toutes les zones correspondent à des zones de transport important, avec une forte présence hôtelière et des monuments qui particient à la fréquentation touristique de Paris.

Clic-P et les élus locaux ont jusqu'au 15 octobre pour donner leur avis. Le ministère devra ensuite prendre une décision et établir un décret dans les 15 jours avant que ne débutent réellement les négociations au sein des entreprises concernées. D'ici là, l'intersyndicale compte mener de nombreuses actions : "C'est loin d'être fini. Le Clic-P représente près de 80% du poids électoral dans ces grandes entreprises, le décret aura du mal à passer", prévient Eric Scherrer.

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