Crise agricole : le groupement des Mousquetaires annonce "des mesures pragmatiques" pour soutenir les agriculteurs français
Thierry Cotillard, président du groupement des Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricomarché), annonce lundi 4 novembre sur franceinfo "des mesures pragmatiques" pour soutenir les agriculteurs français. Selon lui, la crise agricole "n’est pas réglée" et "le gouvernement n’est pas forcément au rendez-vous, on pense qu'aujourd'hui, on a une responsabilité collective".
Parmi les mesures annoncées, le doublement du nombre de producteurs locaux dans les rayons du groupement d'ici 2027. Thierry Cotillard veut "inciter à consommer français et de saison, et renforcer l'accompagnement des producteurs", explique-t-il. "On a 10 000 producteurs aujourd'hui, on affiche l'ambition dans trois ans d'être à 20 000 producteurs", dit-il.
Pas de fraises à Noël
Autre mesure, ne plus proposer à la vente des fraises et des cerises lors des fêtes de fin d'année. "Comme on ne les produit pas en France, ça vient de l'autre bout de la planète", dit-il. Cette mesure est symbolique, car les fruits rouges ne représentent pas le gros de la production française, mais "ce symbole est important pour donner un signal de soutien à la production française. Et à travers cette action, c'est aussi de manger de saison", explique-t-il.
Thierry Cotillard espère voir la concurrence emboîter le pas. Il n'exclut pas de perdre une partie de la clientèle : "On va être les premiers à le faire. On va le faire par étapes, parce qu'en fait on n'a pas non plus intérêt à voir tous les clients partir chez Carrefour ou Leclerc parce qu'on n'a plus les produits qu’ils veulent", explique-t-il. "Notre démarche est intéressante si elle est suivie par d'autres distributeurs. Si finalement les consommateurs éduqués ou sensibilisés à la saisonnalité ne fuient pas nos magasins, on ira plus loin. On généralisera peut-être à d'autres produits", affirme-t-il.
Moins de négociations sur les prix
Le président du groupement des Mousquetaires s’engage également à ne plus négocier les prix des matières premières agricoles françaises pour soutenir le revenu des agriculteurs. "On a l'impression que ce serait une spécificité d'Intermarché. En fait, c'est simplement la loi, c'est l'esprit de la loi que de ne pas négocier la matière première agricole", explique-t-il. Mais la loi n’est pas appliquée par certains grands industriels, selon lui. "Le fait de dire qu’on sanctuarise, présentez-nous l'addition, on sera prêt à la payer, c'est quand même une volonté forte de notre part", souligne-t-il. Il se tourne vers les industriels "pour qu'ils jouent le jeu".
Thierry Cotillard souhaite rester "très humble" par rapport à ces annonces. "Ça ne va pas solutionner la crise du monde agricole" surtout "si on est les seuls à bouger", dit-il. "Par contre, si on bouge tous, si les consommateurs achètent français, si on achète de saison, si les autres distributeurs ont des démarches vertueuses pour mieux rémunérer [les agriculteurs], et si les industriels sont transparents, je pense que dans six mois, ce sera une autre situation", estime-t-il.
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