A quoi ressemble la France après six années de crise ?
Depuis 2008, le chômage de longue durée a explosé, les bénéficiaires de minima sociaux se sont multipliés et la progression des salaires a été freinée.
Depuis l'éclatement de la crise financière de 2008, l'économie française broie du noir. Au-delà des chiffres de la croissance et du déficit public, la dépression économique pèse très lourdement sur la société et le niveau de vie des particuliers. Durant ces années, le chômage de longue durée a explosé, les bénéficiaires de minima sociaux se sont multipliés et la progression des salaires a été freinée. C'est ce que souligne l'édition 2014 de "France, portrait social", publiée par l'Insee mercredi 19 novembre.
Le chômage de longue durée explose
Sur près de 3 millions de chômeurs en France (au sens du Bureau international du travail), 40,2% sont des chômeurs dits "de longue durée", c'est-à-dire qu'ils sont dans cette situation depuis un an ou plus. Depuis le début de la crise, en 2008, leur nombre a bondi de 56%, passant de 724 000 à 1,1 million. La moitié d'entre eux sont même des chômeurs "de très longue durée", en recherche d'emploi depuis au moins deux ans.
L'Insee souligne que le risque de chômage de longue durée augmente en fonction de l'âge. Si les jeunes (moins de 25 ans) sont de loin les plus touchés, ils risquent moins de subir une période de chômage de longue durée que les autres classes d'âge. Plus l'âge augmente, plus il devient difficile de se sortir d'une situation de chômage.
Les bénéficiaires de minima sociaux sont de plus en plus nombreux
Entre 2008 et 2012, le nombre de bénéficiaires du RSA socle (accordé aux personnes dépourvues de ressources) a augmenté de 26%. Et concernant l'Allocation de solidarité spécifique (pour les chômeurs en fin de droit), la hausse est de 27%. L'afflux de nouveaux bénéficiaires dans ces deux dispositifs est massif depuis 2009, note l'Insee. Ce sont les jeunes (25-34 ans) et les seniors qui restent le plus longtemps bénéficiaires du RSA ou de l'ASS.
Par ailleurs, les conditions de vie des allocataires se sont détériorées durant les années de crise. Ainsi, en 2012, 26 % des bénéficiaires du RSA socle et 22 % des allocataires de l’ASS ont déclaré avoir dû se priver sur des achats alimentaires, soit 10 et 8 points de plus qu'en 2012. Un allocataire au RSA sur dix (contre un sur vingt en 2006) et près d’un allocataire de l'ASS sur cinq (contre un sur huit en 2006) dit avoir renoncé à des soins de santé.
Les revenus progressent peu et de manière inégalitaire
Entre 2002 et 2012, en euros constants, le revenu salarial moyen de l'ensemble de la population est passé de 19 370 à 20 100 euros, ce qui représente 0,4% d'augmentation chaque année. Mais l'Insee relève que l'augmentation n'est que de 0,2% par an entre 2007 et 2012, tandis qu'avant la crise, elle était de 0,6% par an.
De plus, la crise a porté un coup d'arrêt à la réduction des inégalités de revenus. En effet, entre 2002 et 2007, les plus bas revenus étaient ceux qui augmentaient le plus d'une année sur l'autre, alors que l'augmentation était plus faible pour les hauts revenus. La situation est tout autre pour la période 2008-2012 : les revenus les plus bas baissent d'une année sur l'autre, ou augmentent moins vite que ceux situés à proximité du revenu médian.
Le revenu médian (c'est-à-dire le revenu par rapport auquel la moitié de la population gagne moins et l'autre moitié gagne plus) augmente également moins vite depuis l'arrivée de la crise. Entre 2007 et 2011, sa progression n'a été que de 3% par an (en euros constants, c'est-à-dire en prenant en compte l'inflation), alors qu'il avait progressé de 5,8% par an entre 2003 et 2007.
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