: Reportage "On veut vivre de notre métier, c'est tout ce qu'on demande" : des agriculteurs devant le Grand Palais à Paris pour une action coup de poing
"On vous nourrit, respectez-nous", ont scandé environ 200 agriculteurs réunis devant le Grand Palais à Paris jeudi 5 décembre à l'appel de la Confédération paysanne alors que se tient la 64ème Bourse de commerce européenne, rendez-vous international des grands acteurs du commerce des céréales.
En quelques minutes, les manifestants ont déployé sono, pancartes, banderoles et barnum. "On a toujours dit qu'on mènerait des actions", explique Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération paysanne. "Je fais des céréales, il y a des gens qui spéculent tous les jours, qui font du fric sur notre dos. Du blé qu'on vend 200 euros, avec eux, trois jours après, il vaut 400 euros juste par la spéculation foncière. Nous, on veut juste vivre de notré métier, c'est tout ce que l'on demande", s'insurge-t-elle.
Besoin "de règles"
Devant la grande banderole jaune aux couleurs du syndicat, Nicolas Fortin, éleveur de la Vienne est venu lui aussi pour dénoncer la dérégulation des marchés. "On est contre le libre-échange qui tire les prix vers le bas. On n'est pas opposés au commerce international, mais il faut qu'il y ait des règles commerciales."
"Le libre-échange, c'est toujours la loi du plus fort."
Nicolas Fortin, éleveur de la Vienneà franceinfo
Pour cet éleveur, ce qui est important, "c'est de respecter à la fois des prix pour nous, et puis pour les autres paysans. Ces accords du Mercosur, ils sont aussi dangereux pour nous que pour l'agriculture en Amérique du Sud."
Aberration du Mercosur
Cet accord de libre-échange entre les pays d'Amérique du Sud et l'Union européenne pourrait être signé dans les prochains jours, une aberration de plus pour Sophie, éleveuse de volailles en Corrèze : "Arrêtons d'importer de l'alimentation. Ça ne doit pas s'importer, sauf si vraiment on en a besoin."
"Ici on a suffisamment de paysans qui font de la bonne qualité, on n'a pas besoin d'importer du Mercorsur, surtout pour échanger des produits manufacturés et industriels."
Sophie, éleveuse de volaillesà franceinfo
Quant à la censure et la démission du gouvernement : "pour nous, ça ne change rien", tranche Christian Roquéroll, agriculteur retraité dans l'Aveyron. "On pense que ça va être pareil après. La loi agricole qu'ils étaient en train de voter n'était pas bonne du tout." Les militants n'ont toutefois pas réussi à atteindre l'intérieur du Palais comme ils l'avaient envisagé, encerclés après vingt minutes d'action par les forces de l'ordre qui les ont forcés à se disperser.
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