Colère des agriculteurs : Marine Le Pen essaie "de se positionner comme anti écologiste et proche de la ruralité, contre [l]es écolos des villes", analyse un sociologue
La ferveur autour du Rassemblement national (RN), notamment Marine Le Pen et Jordan Bardella, applaudis lors de leur passage au Salon de l’agriculture, est-elle une nouveauté ? "Oui. Traditionnellement, le monde agricole est plutôt à droite, et dans une droite traditionnelle", répond Erwan Lecoeur, sociologue et politicologue, spécialiste de l’extrême droite. "LA FNSEA a tenu l’affaire pendant des années depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’émergence de la Coordination rurale et avant cela de la Confédération paysanne ont un peu chamboulé le jeu, et la Coordination rurale ces dernières années a gagné en audience", développe Erwan Lecoeur.
Une crise agricole européenne
"Il y a en ce moment une conjonction européenne, une crise agricole européenne, qui est menée par un certain nombre de syndicats anti-Union européenne, anti-normes", poursuit le spécialiste, qui juge "assez étonnant de voir que Marine Le Pen, qui n’avait pas tellement de programme agricole il y a encore 5-10 ans, maintenant parle comme si elle avait inventé la garantie des prix", une mesure "de gauche", rappelle Erwan Lecoeur.
Comment expliquer qu’après que les agriculteurs ont voté majoritairement pour Emmanuel Macron en 2017 et 2022, le président soit en train de perdre leurs votes au profit de Marine Le Pen ? "La question, ce n’est pas les agriculteurs, c’est le monde rural et le monde urbain. (…) Ce que Marine Le Pen essaye de faire, c’est de se positionner comme anti-écologiste et proche de la ruralité, contre ces écolos des villes", analyse le spécialiste.
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