Reportage "On est écrasé par les charges et les normes" : désabusés et toujours en colère, les agriculteurs prêts à se remobiliser

Moins d'un an après leur fronde et les blocages partout en France, les syndicats appellent à une nouvelle mobilisation mi-novembre. Dans le viseur cette fois, la possibilité d'un accord commercial entre l'UE et des pays d'Amérique du Sud.
Article rédigé par franceinfo - Thomas Vichard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aurélien Sargeret, céréalier de 40 ans, sur son exploitation de Théméricourt, dans le Val-d'Oise. (FRANCE INFO / RADIOFRANCE)

La terre de Théméricourt, dans le Val-d'Oise, est trop détrempée pour que le tracteur d'Aurélien Sargeret ne s'aventure dans le champ. Alors le céréalier de 40 ans stationne l'engin sur la route pour accueillir la récolte de maïs. Cette mauvaise météo dure depuis un an, avec de grosses conséquences. "Pour nous, c'est 50% de moins en récoltes cette année pour la moisson", expose-t-il, alors que les syndicats d'agriculteurs appellent à de nouvelles mobilisations d'ici la mi-novembre, quelques mois après un vaste mouvement dans toute la France.

"Aujourd'hui, à date, on devrait avoir semé les trois quarts de nos blés et on est à qu'à 10%, explique-t-il. On a un gros retard donc c'est le potentiel qui en prend encore pour l'année prochaine, ça promet encore une mauvaise moisson". Avec son père, ils possèdent 300 hectares de blé, de colza ou d'orge et les fins de mois restent difficiles. "On avait déjà du mal pendant la fronde, on comptait sur la moisson pour se refaire la cerise et au contraire, ça nous a fait plonger avec la mauvaise météo, ajoute Aurélien. Les revenus sont au plus bas et c'est catastrophique".

"On arrive pour certains à ne plus se sortir de salaire. On vit grâce à nos compagnes ou à nos parents ou grâce à des activités annexes, mais pas de notre métier. Là, je travaille à perte et je perds de l'argent. Sans mes parents qui m'aident, je ne pourrais pas y arriver cette année."

Aurélien Sargeret, céréalier dans le Val-d'Oise

à franceinfo

Début octobre, le Premier ministre Michel Barnier avait pourtant promis des prêts garantis par l'État pour les exploitations en difficulté, mais toujours rien à l'horizon, selon Aurélien Sargeret. "On n'a aucune nouvelle. Comme dit la chanson : 'Paroles, paroles"... Le président de le FDSEA du Vexin attend aussi les mesures annoncées par le gouvernement après les blocages de l'hiver : des aides financières, la baisse des restrictions sur les pesticides ou une simplification administrative, qui tardent à être appliquées, selon Aurélien Sargeret.

"La seule chose qui a été activée, c'est la taxe sur le GNR [Gazole non routier] qui a été supprimée. Au niveau trésorerie, ce n'est pas énorme et ce n'est pas ce qui sauvera nos exploitations", se désole l'agriculteur.

Aurélien Sargeret, céréalier de 40 ans, sur son exploitation de Théméricourt, dans le Val-d'Oise. (FRANCE INFO / RADIOFRANCE)

Dans la moissonneuse, le père, Denis Sargeret, agriculteur depuis près de 50 ans, est dépité. Il ne croit plus aux mesures annoncées il y a huit mois : "Tout ça, ce sont des promesses. Ça fait 48 moissons que je fais, ça fait 48 moissons que les politiques nous enfument, ça suffit. Ce dont il a besoin, ce sont des "pauses fiscales". On est écrasé par les charges, écrasé par les normes, écrasé par les contrôles, reproche-t-il. Voilà pourquoi je suis un peu désabusé et très en colère surtout". Des deux Sargeret, seul le fils Aurélien ira manifester mi-novembre, persuadé que c'est la seule façon d'obtenir gain de cause.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.