: Vrai ou faux Les forces de l'ordre sont-elles plus tolérantes avec les agriculteurs qu'avec d'autres mouvements sociaux ?
Le gouvernement est-il plus tolérant avec les agriculteurs qu'avec d'autres mouvements ? Pour comparer, prenons des actions similaires menées par différents groupes. En mai 2023, des militants des "Soulèvements de la Terre", un mouvement écologiste, ont bloqué la circulation sur l'autoroute A13 près de Rouen (Seine-Maritime), avant d'être délogés par les forces de l'ordre. À l'époque, le préfet de l'Eure avait dénoncé une "action irresponsable" et avait décidé de saisir le procureur pour entamer des suites judiciaires. Neuf personnes avaient été placées en garde à vue.
L'A13 a également été bloquée ces derniers jours par les agriculteurs, avec d'importantes difficultés de circulation. Il n'y a pas eu d'intervention des forces de l'ordre. Le 24 janvier, la préfecture de l'Eure faisait simplement état des perturbations dans un communiqué, et indiquait que la gendarmerie avait sécurisé les lieux. Autre exemple, celui des dégradations. Dans le cadre du mouvement des agriculteurs, des pneus ont été incendiés devant les grilles de certaines préfectures, notamment à Agen (Lot-et-Garonne). Là encore, il n'y a pas eu d'interpellation. En 2019, trois gilets jaunes ont été condamnés pour le même type de pratiques. Ils avaient incendié des pneus devant le portail de la sous-préfecture à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Des actions plus prévisibles, selon les autorités
Comment expliquer ces différences de traitement pour les mêmes modes d'action ? En ce qui concerne le blocage de l'A13, la préfecture de l'Eure a indiqué à l'AFP que les militants écologistes "avaient envahi l'A13 par surprise (...) en pleine circulation et à une heure de trafic intense", mettant "en danger leurs vies et celles des automobilistes". Les autorités soulignent le côté prévisible, et donc plus facilement maîtrisable, des actions des agriculteurs.
Pour Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et auteur de La police contre la rue (éditions Grasset), il y a d'autres explications, notamment le fait que le gouvernement "continue à avoir un dialogue" avec le mouvement "dans le but de trouver une issue politique", et qu'il "envisage le coût d'une interpellation violente comme étant trop élevé dans les circonstances actuelles". Avec la poursuite du mouvement des agriculteurs, la stratégie des forces de l'ordre est amenée à évoluer. Plusieurs interpellations ont eu lieu cette semaine, notamment pour entrave à la circulation.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.