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A quoi va servir la réunion sur l'écotaxe ?

Boycottée par les élus locaux UMP, la réunion organisée mardi à Matignon pourrait conditionner le devenir de ce dossier très brûlant pour Jean-Marc Ayrault.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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De gauche à droite, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le ministre de l'Agroalimentaire Guillaume Garot et la ministre de la décentralisation, Marylise Lebranchu, le 16 octobre 2013 à Matignon. (MARTIN BUREAU / AFP)

"Députés, sénateurs et députés européens UMP vont boycotter la réunion de mardi." Les élus UMP bretons ne veulent pas rencontrer le Premier ministre, annonce lundi 28 octobre le député UMP Marc Le Fur. "On n'en est plus au détail : soit on retire l'écotaxe, soit on ne la retire pas", a lancé le député des Côtes-d'Armor lundi soir. Cette taxe, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2014, provoque une opposition grandissante en Bretagne. Elle s'applique à tous les camions de plus de 3,5 tonnes, et devrait engendrer un surcoût de 13 centimes d'euro par kilomètre, selon le ministère de l'Ecologie. 

Une réunion sur ce sujet brûlant doit se tenir mardi à 10 heures à Matignon, mais son issue est incertaine. Selon Libération et iTélé, l'éxecutif aurait décidé d'appliquer un moratoire sur certains dispositifs de l'écotaxe.

Qui participera à la réunion ?

Jean-Marc Ayrault s'est donné un peu de temps avant de trancher sur l'écotaxe en choisissant de réunir, mardi matin à Matignon, élus bretons et ministres concernés par cette mesure qui rencontre une hostilité grandissante en Bretagne, sur fond de grogne fiscale généralisée. Avant de se prononcer sur de possibles aménagements de la mesure, le Premier ministre a choisi, avant de rendre ses arbitrages, de réunir mardi, à 10 heures, les acteurs du dossier.

Des élus bretons, le préfet de région, Patrick Strzoda, ainsi que les ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, des Transports, Frédéric Cuvillier, et de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, sont attendus autour du Premier ministre pour échanger sur ce dossier. L'absence annoncée des élus UMP s'inscrit dans la stratégie du principal parti d'opposition de donner un peu plus d'importance à ce nouveau cheval de bataille contre un gouvernement et un chef de l'Etat très affaiblis dans les sondages, et dont la politique fiscale est contestée par une majorité de Français.

De son côté, le député UDI d'Ille-et-Vilaine Thierry Benoit a annoncé qu'il assisterait à la réunion. "Car seule l'union de l'ensemble des forces politiques nous permettra de redresser la situation économique et industrielle de la région Bretagne", écrit cet élu breton dans un communiqué.

Le gouvernement peut-il revenir en arrière ?

Des aménagements, voire un nouveau report de cette taxe décidée durant le précédent quinquennat, étaient attendus lundi. Mais après les récentes reculades sur la taxation de l'excédent brut d'exploitation ou sur les produits d'épargne, le gouvernement peut difficilement renoncer à cette mesure attendue par son partenaire écologiste. "Si ce gouvernement cède, il ne faudra pas qu'il s'étonne qu'il n'y ait plus d'autorité sur rien", a ainsi mis en garde le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé.

Mais selon Stéphane Le Foll, le gouvernement "ne peut pas revenir un arrière" sur l'écotaxe. Car d'après le ministre de l'Agriculture, qui s'exprimait sur i-Télé, défaire le contrat avec la société chargée de sa collecte aurait un coût trop important : "Le contrat qui a été signé par madame Kosciusko-Morizet [ex-ministre de l'Ecologie], par monsieur Baroin [ex-ministre de l'Economie], par madame Pécresse [ex-ministre du Budget] à une société qui s'appelle Ecomouv', si on devait le délier, ça coûterait 800 millions d'euros, voilà ce qu'on nous a laissé et voilà pourquoi on ne pas revenir en arrière."

Supprimer l'écotaxe coûterait 800 millions à l'Etat, selon Le Foll (I-TELE)

Dimanche, Stéphane Le Foll a assuré, sur France 5, avoir "parfaitement entendu" et "parfaitement compris" le message exprimé par les manifestants bretons.

L'écotaxe doit rapporter 1,1 milliard d'euros par an, notamment pour développer et moderniser les infrastructures de transport, dont 250 millions seront alloués aux frais de gestion. Ecomouv' est chargée du financement, de la conception, de la réalisation, de l'entretien, de l'exploitation et de la maintenance de l'écotaxe. Le contrat avec cette entreprise a été signé pour une durée de plus de treize ans, selon le ministère des Transports.

Le conflit peut-il s'amplifier ?

Les agriculteurs et les transporteurs bretons seront très attentifs à ce qui ressortira de la réunion organisée mardi matin à Matignon. Car les violents incidents survenus durant le week-end dans le Finistère ont provoqué un mouvement de rejet massif de la part de la population en Bretagne. Et selon Le Figaro, des groupuscules indépendantistes, surveillés par les services de renseignements, seraient prêts à attiser la fronde.

De son côté, le Groupe des fédérations industrielles (GFI) a demandé à son tour, lundi au gouvernement, "l'ajournement" de cette taxe qui, estime-t-il, pénaliserait le "made in France" en s'ajoutant "à une pression fiscale déjà record". Les membres du collectif qui a appelé à un grand rassemblement samedi à Quimper (Finistère) pour l'emploi en Bretagne et contre l'écotaxe ont réaffirmé eux aussi leur opposition à cette écotaxe, réclamant sa "suppression pure et simple".

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