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Emmanuel Macron tente d'expliquer sa loi... aux socialistes

A la veille de la présentation de son projet de loi sur la croissance et l'activité, Emmanuel Macron s'est livré mardi à un travail délicat d'explication auprès des députés socialistes sceptiques pour beaucoup, carrément hostiles pour certains, afin d'éviter que le texte soit vidé de sa substance par les élus.
Article rédigé par franceinfo
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  (Emmanuel Macron, salle de quatre colonnes, à l'Assemblée nationale © Maxppp)

Il y a parfois des salles difficiles, des publics récalcitrants. Une épreuve, toujours, pour l'artiste. Ou le politique. C'était le cas ce mardi pour le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Il devait prendre la parole pour défendre la loi qui porte officieusement son nom devant les députés... de son propre parti. La tiédeur des socialistes devant le projet de loi sur la croissance et l'emploi est loin d'être un mystère. L'opinion connait d'ailleurs moins bien ceux qui sont d'accord que ceux qui s'y opposent.

Débat à huis clos au groupe PS

"C'est le début d'un travail qui commence ", a-t-il ajouté à l'issue d'un "vrai débat " à huis clos avec le groupe PS de l'Assemblée nationale en s'engageant à travailler avec les élus pour enrichir et améliorer son projet de loi jusqu'à son examen au Parlement à partir du 22 janvier.

"Cela ne créera pas d'emplois réellement et durablement "

Bien que le projet couvre de nombreux domaines, l'assouplissement prévu de l'encadrement du travail le dimanche

dans le secteur de la distribution est au coeur des débats déjà vifs au sein de la majorité. Le député de la Nièvre Christian Paul, un des chefs de file des frondeurs du PS, a estimé que la possibilité d'ouverture des magasins jusqu'à 12 dimanches par an prévue par le texte - et même sans aucune limitation dans les "zones touristiques internationales" - n'était "pas votable ", car "cela ne créera pas d'emplois réellement et durablement ". Pour l'élu de Paris Pascal Cherki, un autre frondeur, "il est très compliqué d'expliquer à un certain nombre de parlementaires qu'on fasse toujours le contraire de ce qu'on avait fait dans l'opposition ". Lors des derniers débats sur la question, fin 2008, pas moins de dix ministres du gouvernement actuel avaient signé une pétition pour défendre le repos dominical à l'initiative de Christian Eckert, aujourd'hui secrétaire d'Etat au Budget.

A l'inverse, le député-maire de Boulogne-sur-Mer, Christian Cuvillier, a déclaré que limiter à douze les autorisations

d'ouverture dominicale des commerces dans une région touristique comme la sienne, "c'est peut-être même insuffisant ".

Oppositions des professions réglementées

Emmanuel Macron a fait valoir que son texte apportait une "vraie avancée sociale " en établissant le principe d'une compensation au travail du dimanche. "Nous allons donner plus de marges de manoeuvres aux élus et aux territoires. La réalité des territoires français est plurielle, il faut la prendre en compte ", a-t-il indiqué. Outre le travail dominical et en soirée, le projet de loi, traite d'une série de domaines comme les 35h, une réforme des professions juridiques réglementées qui suscite une forte opposition chez les intéressés, le transport par autocars, le logement, la justice prud'homale ou l'épargne salariale.

Le Conseil d'Etat valide... avec des réserves

Le ministre de l'Economie a renoncé à légiférer sur les professions médicales et la réforme des tribunaux de commerce,

deux sujets récupérés après arbitrage par les ministères de la Santé et de la Justice.

Dans un document que France Inter s'est procuré en exclusivité, le Conseil d'Etat a validé le projet de loi, avec des réserves importantes tout de même. Elles portent justement sur les points les plus sensibles, comme le travail dominical et l'installation des notaires, huissiers de justice et commissaires priseurs.

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