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Boom de l'apprentissage : "Il faut mettre le paquet sur les jeunes qui en ont le plus besoin", selon l'Association nationale des apprentis de France

Les entreprises de l'artisanat n'ont jamais autant accueilli de jeunes depuis plus de dix ans. L'Association nationale des apprentis de France craint que la réforme de l'apprentissage "impacte des jeunes qui en ont besoin". 

Article rédigé par franceinfo
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Un Centre de formation des apprentis à Vannes, en janvier 2021. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

"Il faut mettre le paquet sur les jeunes qui en ont besoin", a estimé lundi 5 septembre sur franceinfo Aurélien Cadiou, président de l'Association nationale des apprentis de France. L'apprentissage, en plein boom de 14% entre 2020 et 2021, selon le baromètre Institut des métiers-Maaf dévoilé par franceinfo ce lundi en exclusivité, "ne profite pas à du bac ou infra-bac" selon lui, et donc pas aux jeunes pour qui l'apprentissage "est un moyen de s'en sortir".

Les entreprises de l'artisanat n'ont jamais autant accueilli de jeunes depuis 2010, comme le révèle le baromètre Institut des métiers-Maaf. Selon ce baromètre, ces entreprises ont accueilli dans leurs murs 14% de jeunes en plus sur l'année 2020-2021 par rapport à l'année précédente. Après cette explosion, une réforme de l'apprentissage a été annoncée, avec des économies à réaliser pour les organismes de formation. 

franceinfo : L'image de l'apprentissage a évolué. A-t-on adapté l'orientation ?

Aurélien Cadiou : Il y a une problématique de l'orientation en France. On a besoin d'orienter tous les jeunes. Il y a quand même quelque chose qui persiste, c'est de dire que si un jeune est bon à l'école, je ne l'oriente pas vers l'apprentissage. Je vais l'orienter vers les filières classiques qui vont permettre d'accéder plus facilement à du bac+5, alors qu'il y a certains jeunes qui, dès le collège, pourraient être attirés par un métier malgré leur niveau scolaire très bon. Ils pourraient se former et trouver un emploi d'ici deux ans plutôt que faire trois années d'études pour finalement se réorienter, puis faire deux ans d'apprentissage pour trouver leur métier. On voit encore cette problématique dans les collèges et dans les lycées. Les jeunes qui ont un bon niveau scolaire, on ne va pas les orienter vers l'apprentissage. On va plutôt les pousser à faire des études longues. C'est certain que, quand on est parent et que son enfant a des bonnes notes, on a envie forcément de le pousser à aller plus loin. Mais, maintenant, grâce à l'apprentissage et depuis un certain nombre d'années, on peut faire un bac +5 tout en ayant fait le choix de la voie par apprentissage.

Quel est le risque de la réforme de l'apprentissage ?

On a ouvert l'apprentissage à tout le monde, on se rend compte que l'on dépense trop d'argent pour l'apprentissage et qu'il faut fermer un peu le robinet. La crainte qu'on a eue, c'est que fermer le robinet impacte des jeunes qui ont besoin de l'apprentissage. Effectivement, dans les apprentis, il y a des jeunes qui auraient pu faire la même formation sans apprentissage, parce qu'ils ont un bon niveau scolaire, alors qu'il y a certains jeunes pour qui l'apprentissage est un moyen de s'en sortir, de se former et d'entrer rapidement dans la vie active. C'est certain que la réforme, quand on voit le boom dans le supérieur, ça ne profite pas à du bac ou infra-bac, là où ça a plus d'impact pour les jeunes. Le point faible en ce moment, c'est qu'on vise le million d'apprentis, sauf qu'il y a 28% de ruptures prématurées de contrats d'apprentissage. Est-ce qu'on veut un million d'apprentis avec 280 000 jeunes sur le carreau ? Pour nous, ce n'est pas satisfaisant. Donc, au-delà du million d'apprentis, visons aussi la qualité de l'apprentissage.

Comment ouvre-t-on l'apprentissage aux jeunes qui en ont le plus besoin ?

Il faut mettre le paquet sur les jeunes qui en ont besoin. Les aides qui ont été mises en place pendant le Covid pour inciter les entreprises à recruter des apprentis sont sans limites. Elles sont aussi pour le bac +5, alors que les aides habituelles n'étaient pas pour le bac +5, d'où le boum. Mais il faut mettre le paquet là où c'est nécessaire, donc sur le bac et infra-bac, là où on a des jeunes décrocheurs qui ont besoin d'être accompagnés, et là où il y a aussi des petites entreprises qui ont moins le budget que des grosses entreprises pour prendre un apprenti.

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