Grève dans les transports en commun : quelles sont les raisons du mouvement social prévu ce jeudi, notamment à la RATP ?
La mobilisation s'annonce très suivie dans les transports franciliens. Au niveau national, seule la CGT appelle à se mobiliser.
L'exaspération va bon train. La CGT invite de nouveau à faire grève et manifester, jeudi 10 novembre, notamment sur la question des salaires et des retraites. Le syndicat se greffe ainsi sur une journée de mobilisation prévue de longue date par plusieurs syndicats de la RATP, l'opérateur du réseau de transports en commun parisien. Voici les principales raisons de ce mouvement qui devrait générer de fortes perturbations dans les métros et les RER d'Ile-de-France.
Une hausse des salaires dans le viseur
Au niveau national, la CGT réclame un coup de pouce au smic, une hausse du point d'indice de la fonction publique et l'indexation des salaires sur l'inflation. Interrogé, mardi 8 novembre, sur BFM Business, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a défendu l'augmentation des salaires plutôt que la distribution de primes, promue par le patronat et le gouvernement. "Le salaire, c'est tous les mois, ce sont des cotisations sociales. Les primes (...) c'est one shot", a-t-il dit.
Les autres grands syndicats de salariés n'ont pas lancé d'appel à la grève au niveau national et interprofessionnel pour la journée du 10 novembre, appelant seulement localement à rejoindre les cortèges. En cause, notamment, les élections professionnelles en cours et les négociations sur les salaires menées actuellement dans les entreprises. "Personne ne peut croire qu'une augmentation générale des salaires viendrait après une grande manifestation interprofessionnelle, ça ne marche pas comme ça", a balayé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, mardi, sur Radio Classique.
Climat social tendu à la RATP
A la RATP, la mobilisation s'annonce massive, avec des revendications spécifiques. Chez l'opérateur, la date de cette grève est fixée depuis longtemps par tous les syndicats du groupe avec un objectif clair : "zéro métro, zéro RER". Les principales revendications des syndicats concernent une augmentation des salaires et une amélioration des conditions de travail via des recrutements.
Et pour cause : la RATP a reconnu avoir du mal à recruter et être en manque d'une centaine de conducteurs de métros et de plusieurs centaines de conducteurs de bus. Un problème qui a entraîné de nombreuses difficultés pour les usagers ces derniers mois et qui illustre le manque d'attractivité de ces postes, selon les syndicats. "Nous n'avons eu que 1,1% d'augmentation sur toute l'année malgré une forte inflation", s'indigne ainsi Vincent Gautheron, secrétaire CGT RATP, qui réclame une hausse des salaires de 320 euros par mois dès le premier niveau de grille.
"Avec ces petits salaires et ces conditions de travail dégradées, on fait fuir les employés qui ont de l'expérience et on n'attire plus les jeunes."
Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral FO transport et logistiqueà franceinfo
Depuis plusieurs mois déjà, le climat social s'est largement dégradé à la RATP en raison, notamment, de l'ouverture à la concurrence du réseau de bus de la zone centrale de l'agglomération parisienne, prévue au 1er janvier 2025. Pour s'adapter à cette nouvelle donne, la RATP a en effet modifié les conditions de travail de ses conducteurs de bus, plus avantageuses que celles en vigueur chez ses concurrents. Une nouvelle organisation du temps de travail qui a déjà provoqué une grève de trois jours, en mai, à l'appel de l'ensemble des syndicats.
Cette mobilisation est également perçue comme un moyen d'envoyer un signal au probable futur patron de la RATP, Jean Castex. Auditionné mardi soir au Sénat puis mercredi matin à l'Assemblée, l'ancien Premier ministre a recueilli 52 voix des parlementaires contre 27. Sa nomination au poste de PDG de la régie doit maintenant être confirmée en Conseil des ministres.
Un échauffement avant la réforme des retraites ?
Reste à savoir quelle sera l'ampleur de cette mobilisation, entre l'appel national isolé de la CGT et l'unité affichée à la RATP. La précédente journée de grève et de manifestation, le 27 octobre, en pleines vacances scolaires, avait peu mobilisé : la police avait recensé 14 000 manifestants en province et 1 360 à Paris, la CGT ne donnant pas de chiffre.
Cette fois-ci, Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT, dit s'attendre, avec "150 à 200 points de manifestation" dans toute la France, à une mobilisation au moins équivalente à celle du 18 octobre, au plus fort de la grève des raffineries. Il y avait alors eu 107 000 manifestants selon la police et 300 000 selon le syndicat.
Quel que soit le niveau de mobilisation jeudi, les forces syndicales prévoient de se retrouver dans quelques mois pour un sujet encore plus brûlant : la réforme des retraites. Et les grèves pourraient être bien plus massives. "Sur ce sujet, on commence à travailler sur un projet de grève illimitée à la RATP, comme on l'a fait en 2019", prévient Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral FO transport et logistique. "On ne s'interdit rien dans le cadre de la défense de nos droits", commente Vincent Gautheron, secrétaire CGT RATP.
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