Coronavirus et garde d'enfants : "Il y a des entreprises qui ne jouent pas le jeu", dénonce Laurent Berger
Le secrétaire général de la CFDT dénonce mercredi des "pressions" sur certains salariés. Il demande également à que les salariés indispensables sur les lieux de travail soient "protégés".
"Il y a des entreprises qui ne jouent pas le jeu en termes de prise d'arrêts maladie et d'indemnités journalières pour les gardes d'enfants, en faisant pression sur les salariés", a dénoncé sur France Inter mercredi 18 mars le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.
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Alors que le gouvernement permet aux salariés de se mettre en arrêt maladie pour garder leurs enfants pendant l'arrêt des activités scolaires liée au coronavirus, "certains magasins Leclerc, par exemple, ne jouent pas le jeu et font pression sur les salariés pour être à leur poste alors qu'ils ont besoin d'être chez eux pour garder leurs enfants", s'est agacé Laurent Berger.
"Le gouvernement a été extrêmement clair", a rappelé le secrétaire général de la CFDT. "Les enfants sont confinés chez leurs parents. Il y a évidemment besoin que les parents soient présents et, dans ces cas-là, il y a la possibilité de se mettre en indemnités journalières pour garder ses enfants". "L'entreprise n'a pas le droit de refuser", a assuré le représentant syndicales.
Les Français qui travaillent n'ont pas les moyens de se protéger
"Il y a insuffisance de moyens pour mettre en place des barrières" afin de protéger les Français qui maintiennent leur activité professionnelle et ne peuvent télétravailler, a jugé par ailleurs le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Il a estimé que ces manques se traduisent "notamment en terme de gants, de gel, de masques" et concernent "la distribution alimentaire, les services à domicile, les chauffeurs de la répartition pharmaceutique mais aussi la fonction publique avec les douaniers ou les agents de la pénitentiaire".
"Pour les personnes qui font le nettoyage dans les hôpitaux, on a constaté une absence de protections suffisantes", a-t-il aussi dénoncé. C'est, d'après Laurent Berger, "la première inquiétude" des salariés qui doivent poursuivre le travail hors de chez eux alors que la France est confinée depuis mardi.
"Une forme d'incohérence"
Ainsi, des logisticiens de La Redoute ont refusé de prendre leur poste mardi car ils estimaient ne pas disposer d'assez d'équipements sanitaires. Pour la même raison, des salariés de La Poste ont fait jouer leur droit de retrait. "S'il n'y a pas de moyens de protection, la santé est menacée", a estimé le secrétaire général de la CFDT. "Il faut aller très vite pour équiper ces travailleurs qui sont absolument indispensables. Personne n'a envie de voir fermer les commerces alimentaires. Il faut donc renforcer les moyens de protection de façon ultra-rapide, c'est prioritaire."
Laurent Berger a ainsi dénoncé "une forme d'incohérence". "Il faut équilibrer les besoins sanitaires de protection collective, qui passent par le 'restez chez vous', et en même temps le besoin de ne pas stopper net l'économie parce que l'on a, dans un certain nombre de secteurs prioritaires, besoin que les gens soient en activité. Dans ces cas-là, il faut qu'ils soient protégés."
"Hors de question de laisser les entreprises péricliter"
"Il est hors de question de laisser les entreprises péricliter" pendant la crise du coronavirus, a affirmé Laurent Berger. À ce titre, la nationalisation d'Air France envisagée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire trouve l’assentiment de Laurent Berger : "On est dans un moment exceptionnel. 90% de l'activité est aujourd'hui stoppée et sans doute plus demain. Cette entreprise était déjà en situation moyennement solide". Face à la récession annoncée par Bercy, le secrétaire général de la CFDT a dit craindre "une grosse tempête, avec des suppressions massives d'emplois, de façon très rapide." Laurent Berger a appellé à "lutter contre ça" et estimé que le gouvernement "est en train de tenter de le faire avec des moyens". À plus long terme, Laurent Berger s'inquiète de voir les mêmes schémas se reproduire.
Ce que je crains, c'est ce dont on sortait à peine, c'est-à-dire après la crise de 2008, dix années difficiles pour faire repartir l'économie.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDTà France Inter
Il redoute également les conséquences sociales de telles difficultés, "en termes de chômage, de précarité, de salariés qui ne profitent pas au bon niveau de la richesse créée". Selon lui, "il va falloir redéfinir un modèle économique et social".
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