Assurance chômage : "Il faut travailler à un partage de l'effort", assure le maire de Vulbens, qui compte de nombreux travailleurs transfrontaliers

Florent Benoît, maire d'une commune qui compte de nombreux travailleurs transfrontaliers, déplore "un réel déséquilibre sur notre territoire", lié notamment à l'indemnisation de leur chômage, prise en charge par la France. Les règles de l'assurance chômage sont à nouveau discutées dans le cadre des négociations entre les partenaires sociaux.
Article rédigé par franceinfo
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De nombreux Français vont travailler au Luxembourg ou en Suisse, pour bénéficier de salaires plus élevés. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Il faut travailler en complémentarité pour un partage de l'effort, parce que ce n'est pas seulement à la France de faire le matelas social", prévient mardi 22 octobre sur franceinfo Florent Benoît, président de la Communauté de communes du Genevois et maire de Vulbens (Haute-Savoie). Sa commune compte de nombreux transfrontaliers, des Français qui traversent la frontière avec la Suisse pour aller travailler.

Ils sont dans le viseur de la ministre du Travail et des partenaires sociaux, qui reprennent les discussions sur l'assurance-chômage, alors qu'un nouvel accord doit être trouvé d'ici le 15 novembre. Leurs allocations chômage coûtent en effet 800 millions d'euros par an à l'Unédic. En vertu des règles européennes, au bout de cinq mois de chômage, les allocations d'un Français qui travaillait en Suisse ou au Luxembourg par exemple, sont payées non plus par le pays d'accueil, mais par la France. Et le calcul des indemnités se fait sur la base de salaires beaucoup plus élevés que dans l'Hexagone. Les allocataires ayant travaillé en Suisse touchent environ 2 700 euros par mois, soit deux fois plus que les autres Français.

"Retravailler" les règles d'indemnisation des transfrontaliers

Florent Benoît constate donc "un réel déséquilibre sur notre territoire". Le maire de Vulbens explique qu'il est "difficile" de recruter côté savoyard "autant dans les entreprises que dans les collectivités". En Haute-Savoie, "10 000 chômeurs frontaliers sont indemnisés en moyenne 300 jours avec une indemnité versée à 57% de leur dernier salaire brut", explique-t-il. "Quand on est au chômage et qu'on est un salarié français, on ne reçoit pas d'indemnité de chômage qui subisse les mêmes règles", explique l'élu. "Aujourd'hui, ce qui est proposé, c'est de revenir sur l'offre mise en place par le président Sarkozy et d'aller plus loin, en retravaillant sur la question du droit européen pour que le pays dans lequel les travailleurs cotisent soit le pays qui les indemnise", ajoute-t-il.

Changer ces règles européennes prendrait des années, mais la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet veut modifier un paramètre qui dépend de la France. Il permettrait de redéfinir la notion d'"offre raisonnable d'emploi". Cela permettrait d'empêcher les salariés frontaliers au chômage de refuser les offres dont le salaire n'est pas assez élevé par rapport à leur ancienne rémunération.

Cette mesure donnerait de l'air aux comptes de l'Unédic, dont les prévisions sur la période 2024-2027 viennent d'être présentées. Le régime d'assurance-chômage prévoit une augmentation de ses recettes et une baisse de ses dépenses, mais sa dette reste colossale. Elle atteindra plus de 44 milliards d'euros en 2027. L'organisme met notamment en cause les importants prélèvements de l'État.

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