Assurance-chômage : Sylvie Espagnolle, de la CGT de France Travail, dénonce "une troisième réforme qui stigmatise les privés d'emploi"

Invitée, jeudi sur franceinfo, la déléguée syndicale centrale CGT à France Travail se dit "très en colère" contre la nouvelle réforme annoncée de l'assurance-chômage.
Article rédigé par franceinfo
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Le logo de France Travail. Photo d'illustration. (DENIS CHARLET / AFP)

"C'est une troisième réforme qui stigmatise les privés d'emploi alors que ce sont les premières victimes du ralentissement économique", a dénoncé, jeudi 28 mars, sur franceinfo Sylvie Espagnolle, déléguée syndicale centrale CGT à France Travail, au lendemain des annonces de Gabriel Attal sur une nouvelle réforme de l'assurance-chômage.

"Les effets des réformes précédentes ont eu comme conséquence d'appauvrir les privés d'emploi", affirme Sylvie Espagnolle. "Mais il n'a jamais été prouvé que durcir les règles d'assurance chômage favorisait la création d'emplois. Nullement." La CGT de France Travail est "très en colère contre cette réforme-là".

"Ça change profondément notre manière de travailler"

Après les précédentes réformes, Sylvie Espagnolle témoigne avoir constaté "beaucoup de désespoir de la part des privés d'emploi". Les conseillers en emploi qui accompagnent les demandeurs d'emploi doivent aussi avoir "une autre manière de travailler", car selon elle, "si les droits sont encore réduits, comme semble l'envisager le gouvernement, ça veut dire qu'on ne peut plus travailler sur un projet professionnel". "Comment on fait une reconversion, une formation professionnelle, quand on a une seule année de droit", s'interroge Sylvie Espagnolle. "Donc ça change profondément notre manière de travailler."

La réduction de durée d'indemnisation "complique l'accompagnement" des demandeurs d'emploi, précise la déléguée syndicale. "Pour pouvoir être en recherche d'emploi, il faut être aussi sécurisé d'un point de vue des allocations qu'on va toucher. Et ça s'accompagne d'un renforcement du contrôle de recherche d'emploi voulu par le gouvernement." Selon elle, en 2023, il y a eu "500 000 contrôles de la recherche d'emploi", un chiffre "qui va passer à 1,5 million d'ici 2027".

Face aux critiques parlant d'un "chômage de confort" assurant que bénéficier des droits pendant longtemps n'inciterait pas à retrouver un travail plus rapidement, Sylvie Espagnolle s'insurge. "C'est totalement faux." Selon elle, "aujourd'hui, 36% des inscrits à Pôle emploi sont indemnisés par l'allocation-chômage", soit "à peine un peu plus d'un tiers". Sur ces personnes indemnisées, "la moitié travaille déjà", ajoute la représentante de la CGT de France Travail. "Mais elles restent inscrites parce que leurs contrats sont précaires" ou sont en "temps partiel et peuvent bénéficier d'un complément".

Mais Sylvie Espagnolle le martèle, "ce n'est jamais la personne qui choisit ces contrats précaires". "On n'a jamais vu une personne se présenter à un entretien, dire à son employeur, 'moi je ne veux pas de CDI à temps plein, je veux un contrat précaire à temps partiel'. C'est totalement faux". La déléguée de la CGT de France Travail dénonce "de la stigmatisation pour obliger, avec le renforcement du contrôle, les personnes sans emploi à accepter n'importe quel emploi".

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