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Chômage : "Il est beaucoup trop tôt pour parler d'une inversion de la courbe"

Le nombre de demandeurs d'emploi devrait continuer à augmenter au moins jusqu'à fin 2013, selon Marion Cochard, économiste à l'OFCE.

Article rédigé par Ilan Caro - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Dans une agence Pôle emploi de Rambouillet (Yvelines), le 1er mars 2013. (MAXPPP)

Après vingt-quatre mois de hausse continue, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi a marqué une pause en mai, selon les statistiques publiées mercredi 26 juin par le ministère du Travail. Pour autant, cette accalmie n'annonce pas encore une embellie durable, comme l'explique à francetv info Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Francetv info : Ces chiffres du chômage laissent-ils entrevoir l'inversion de la courbe d'ici fin 2013, promise par François Hollande ?

Marion Cochard : Il est beaucoup trop tôt pour parler d'une inversion de la courbe du chômage. Les chiffres mensuels sont par nature très volatils. Pour pouvoir en tirer une conclusion, il faudrait observer cette tendance sur plusieurs mois. 

Comment expliquer cette stagnation après deux ans de hausse ininterrompue ?

Dans le détail, plusieurs éléments permettent de relativiser ces chiffres.

Premièrement, le chômage de longue durée continue à augmenter (+0,5% sur le mois, +15% sur un an). C'est le signe d'une crise qui dure depuis maintenant cinq ans. Ensuite, le nombre d'offres d'emploi collectées par Pôle emploi, déjà à un niveau très bas, recule à nouveau. Le fait que ce dernier n'en reçoive plus prouve que le marché du travail est complètement sclérosé et qu'il ne repart pas.

Enfin, en analysant les flux d'entrée et de sortie de Pôle emploi, on peut observer que les premiers sont en baisses, mais restent à des niveaux élevés, proches de ceux constatés en 2008-2009 ou au cours de l'année 2012. Quant aux sorties, la forte hausse de mai est due en grande partie à des "cessations d'inscription pour défaut d'actualisation" qui augmentent de 19,9% (soit 36 400 personnes de plus qu'en avril). Parmi eux peuvent figurer des chômeurs découragés ou qui ont raté le coche de leur actualisation mensuelle. Ce sont des gens qui peuvent potentiellement se réinscrire le mois prochain.

Quelles sont les perspectives sur le front du chômage pour les prochains mois ?

La situation est très loin d'être rose. Nos prévisions, comme celles de la plupart des économistes, sont très mauvaises pour 2013. Tout laisse à penser que d'ici la fin de l'année, il n'y aura pas suffisamment de croissance pour parvenir à inverser la courbe du chômage.

On estime qu'en temps normal, la croissance doit atteindre 1,5% pour que le chômage baisse. Compte tenu des politiques menées actuellement (emplois d'avenir, emplois aidés, etc.), il faudrait 1,1% ou 1,2% de croissance pour parvenir à cet objectif. Or, nous en serons loin : l'OFCE prévoit une croissance négative (-0,2%) en 2013, et une hausse du chômage au moins jusqu'à la fin de l'année.

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