Indemnisation du chômage : une réforme "100% de perdants" pour Laurent Berger "prêt à débattre" avec la ministre du Travail
"Les indemnisations vont baisser entre 25 et 50% pour nombre de demandeurs d'emploi, ceux qui subissent la précarité", affirme le secrétaire général de la CFDT qui appelle les Français à "prendre conscience" de ce qui se passe.
"Je suis prêt à débattre avec madame Pénicaud [la ministre du Travail] sur ce que ça veut dire concrètement", a déclaré Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, vendredi 1er novembre sur franceinfo, à propos des nouvelles règles d'indemnisation du chômage. "On est dans un pays où quand on tape sur les plus fragiles, ce n'est pas ce qui fait le plus réagir. J'en suis presque malade au sens imagé. Ma colère n'est pas feinte", a ajouté le responsable syndical alors que les premières dispositions de la réforme entrent en vigueur vendredi. Selon les chiffres de l'Unedic, 850 000 demandeurs d'emploi vont perdre 200 euros net par mois à partir de l'an prochain.
"Cette réforme va faire beaucoup de mal"
"Je viens de ce secteur, de l'accompagnement des demandeurs d'emploi. Je suis prêt à débattre avec Madame Pénicaud sur ce que ça veut dire concrètement, y compris sur ses allégations selon lesquelles les demandeurs d'emploi n'ont qu'à retrouver un travail. C'est plus compliqué que cela", a-t-il expliqué.
"Cette réforme va faire beaucoup de mal aux demandeurs d'emploi, aux chômeurs indemnisés. C'est 1,4 million de personnes qui vont être très directement concernées : soit le 1er novembre, car elles auront des conditions d'entrée moins favorables pour avoir une indemnisation, environ 250 000 personnes vont subir ça, soit en avril, avec le durcissement du niveau d'indemnisation, 800 000- 900 000 personnes vont subir cela. Ajoutons à cela les 'hauts revenus', en gros les cadres, à qui on va faire subir de la dégressivité. Ça fait 100% de perdants, et on a une communication du gouvernement disant 'c'est pour aider au retour à l'emploi'."
Cette réforme, il faut que Muriel Pénicaud l'assume, elle l'a faite avec un seul et unique objectif : faire des économies sur le dos des demandeurs d'emploi.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDTà franceinfo
"3,9 milliards d'économies dans les deux ans, sur le seul dos des demandeurs d'emploi", détaille Laurent Berger. "C'est tout de suite, des mesures dures pour tous les demandeurs d'emploi, plus tard, peut-être, de la responsabilisation des entreprises avec des bonus-malus", déclare Laurent Berger.
"Tuerie", "trappe à pauvreté", "punition"...
"Le terme 'tuerie' que j'ai employé, c'était pour dire que c'est très très fort. Si vous voulez dire que ce mot-là est excessif ou peu approprié, dont acte. J'ai aussi dit que c'était une catastrophe sociale, une punition pour les demandeurs d'emploi, une régression sociale pour les chômeurs, une trappe à pauvreté pour eux, et ça je maintiens", affirme-t-il alors que Muriel Pénicaud a critiqué jeudi l'utilisation du terme "tuerie", qu'elle juge "excessif".
"Ces règles se sont mises en place suite à l'échec d'une négociation dans un cadre où il était quasi-impossible, pour l'ensemble des acteurs sociaux, patronat ou syndicats, d'aller vers un accord. Elles ont été mises en place par décret, et il n'y a pas de possibilité d'intervention sur les décrets lorsqu'ils sont légaux. Ça n'empêche pas de continuer à dire que cette réforme est indigne. Pour l'instant, tout ça est du virtuel. Mais à partir du 1er avril, ça va être très concret. Se posera la question à un moment : est-ce que ça vaut le coup d'aller bosser ?", se demande le responsable syndical.
"Cette réforme est injuste, indigne"
"On se donne un droit de suite. Effectivement, ces règles-là vont entrer en vigueur et ça ne remue pas beaucoup de Français qui considèrent que ce n'est pas très grave tout ça. ce n'est pas pour ça que je vais me taire. On continuera à dire que cette réforme est injuste, indigne."
"J'appelle les Français à prendre conscience de ce qui est en train de se passer. Les indemnisations vont baisser entre 25 et 50% pour nombre de demandeurs d'emploi, ceux qui subissent la précarité. J'espère que montrer les conséquences concrètes chez telle ou telle personne va faire prendre conscience aux Français que c'est injuste et que le gouvernement va comprendre qu'il est en train de créer une trappe à pauvreté", regrette Laurent Berger.
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