La réforme de l'assurance chômage est "totalement populiste", dénonce François Hommeril, de la CFE-CGC

Le gouvernement envisage de durcir les conditions d'accès à l'indemnisation chômage. La CFE-CGC dénonce un projet "inadmissible".
Article rédigé par franceinfo
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Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, le 16 octobre 2023. (MIGUEL MEDINA / POOL / MAXPPP)

"C'est une réforme totalement populiste", a dénoncé mercredi 22 mai sur franceinfo François Hommeril, président de la CFE-CGC, la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres, alors que la ministre du Travail Catherine Vautrin présente mercredi et jeudi aux partenaires sociaux les pistes de travail pour réformer l'assurance chômage. Le gouvernement entend durcir les conditions d'accès à l'indemnisation des chômeurs. Les mesures envisagées permettraient 3,6 milliards d'euros d'économies, selon l'exécutif qui espère que, grâce à elles, 90 000 personnes supplémentaires seront en emploi.

"Ce qui nous a été présenté" par Catherine Vautrin, "c'est un tour de vis qui prétend, contre la réalité, qu'en tapant un peu plus sur les chômeurs, en précarisant les conditions dans lesquelles ils vivent pendant qu'ils recherchent du travail, ils vont trouver plus facilement du travail", estime François Hommeril après sa rencontre avec la ministre du Travail. "Tout ça est particulièrement populiste, assez inadmissible", juge-t-il. Selon lui, la réforme du gouvernement "vient dire aux gens que, quand on est un chômeur, on est un feignant, on est une personne indolente qui n'est pas pressée de retrouver un travail". "C'est faux", assène François Hommeril. "Il est démontré que c'est faux. Et légiférer à ce point contre la réalité de la vie des gens, c'est très grave."

Des comptes "excédentaires"

Le patron de la CFE-CGC estime que Catherine Vautrin a présenté aux syndicats "un panel de mesures dans une phase de concertation tout à fait factice, qui n'est rien d'autre qu'un plan de communication". Cela permet, selon lui, au gouvernement de "mettre un écran de fumée et de donner quelques raisons a priori techniques sur ce qui n'est rien d'autre qu'une façon de capter un petit peu plus les cotisations des salariés, pour pouvoir les basculer vers le budget de l'Etat" pour ensuite "financer des budgets des politiques publiques à l'impact économique plus que contestable".

François Hommeril avoue avoir "du mal à comprendre le concept d'économie" du gouvernement. Il rappelle que "la dernière publication de l'Unédic est très claire : les comptes sont excédentaires". "Ils sont tellement excédentaires que dans les projections sur les trois années à venir, le gouvernement a déjà prévu de ponctionner 12 milliards d'euros. Donc ils vont ponctionner plus." Le patron de la CFE-CGC précise que l'assurance chômage a, "de tout temps, été gérée de façon paritaire, plutôt pas mal d'ailleurs", et rappelle que "la dette a été creusée par l'intervention de l'Etat". "L'Etat, quand il intervient à la place des partenaires sociaux, en général, c'est une machine à fabriquer du déficit", pointe le syndicaliste. "Le gouvernement cherche des justifications à ce qu'il appelle son tour de vis, avec des arguments plus que médiocres."

"Amateurisme du gouvernement"

François Hommeril s'en prend encore à Gabriel Attal qui ne "connaît pas grand-chose au dossier". Ce que le Premier ministre "ne comprend pas", selon lui, "c'est que 92% des personnes qui aujourd'hui sont en recherche d'emploi le sont réellement, sincèrement". Il dénonce une réforme qui est "un déni de réalité". "C'est particulièrement grave."

La CFE-CGC ironise enfin sur "le clou du spectacle" du gouvernement, "cette nouvelle trouvaille qui est la prime senior". Cela concerne les seniors "qui ont été sortis du marché du travail par les entreprises aux alentours de 60 ans". "On va inviter les mêmes entreprises qui les ont viré à les reprendre en leur proposant des primes pour pouvoir les embaucher à des emplois de moindre qualification, à de moindres rémunérations." François Hommeril y voit un "CDI à demi-tarif pour les seniors que le patronat avait réclamé". "C'est la grande surprise du jour", ajoute le syndicaliste. "J'ai encore du mal à remonter de mon émotion, à constater à ce point ce niveau d'amateurisme du gouvernement sur un sujet aussi sérieux que le maintien des seniors dans l'emploi."

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