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Face au manque d’animateurs, certains centres de loisirs doivent refuser des enfants : "C’est du jamais vu"

Des milliers de postes sont non pourvus dans le secteur et certains centres de loisirs doivent diminuer leur capacité d'accueil pour les vacances de la Toussaint. Reportage en Ille-et-Vilaine dans un centre géré par la Fédération des familles rurales.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
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Au centre de loisir de Guignen près de Rennes, il manque quatre animateurs. (FARIDA NOUAR / RADIO FRANCE)

Après-midi peinture pour les plus grands et sieste pour les plus petits, sous la surveillance notamment de Frédérique Chasle, la directrice adjointe du centre de loisirs de Guignen près de Rennes. "Normalement, je devrais être en pure fonction de direction", indique-t-elle mais il manque quatre animateurs. La pénurie de main d'œuvre ne touche pas que ce centre breton, il y a environ 5 200 postes non pourvus dans le secteur. Le gouvernement a annoncé, lundi 25 octobre, une aide de 200 euros pour passer le Brevet d’aptitude à la fonction d’animateur (Bafa). Elle doit être versée en 2022 à 20 000 jeunes désireux de se former.

Quinze enfants en moins

Conséquence du manque d'animateurs, le centre de Guignen ne peut accueillir que 55 enfants contre 70 en temps normal. "On a mis des enfants sur liste d’attente, explique Frédérique Chasle. Il a fallu faire des mails aux parents pour leur expliquer qu'on était en pénurie d'animateurs et qu'on ne pouvait pas accueillir plus d'enfants. On était désolé, c'est très difficile pour eux, puisque c'est quand même un moyen de garde."

Sur sept annonces déposées récemment pour recruter, il y a eu une seule candidature. Amandine Peltier, chargée de mission à la Fédération des familles rurales, devrait être dans son bureau au lieu d’aider les enfants à peindre. Elle est aussi venue en renfort. Depuis la rentrée, le manque d’animateurs "c’est du jamais vu" selon elle, et les raisons sont multiples : "Il y a des formations Bafa qui ont été annulées à cause de la crise sanitaire. Il y a donc des animateurs qui ne sont pas diplômés. Ils n'ont pas encore pu commencer leur formation ou n'ont pas pu la finir pour ceux qui étaient stagiaires avant", explique la chargée de mission.

Un faible salaire et le coût élevé du Bafa

"Après, on sait qu'il y a quand même le salaire qui joue parce qu'on est sur des contrats d'engagement éducatif payés en forfait à la journée qui sont en-dessous du Smic horaire donc ça n'aide pas", poursuit Amandine Peltier. Pour un animateur diplômé, le salaire est de 65 euros brut la journée pour 10 heures de travail. La mobilité dans ces zones rurales est aussi un frein car certains centres de loisirs ne sont accessibles qu’en voiture. Charlène, 19 ans, animatrice non diplômée, doit se débrouiller pour venir jusqu’ici : "Je fais du covoiturage avec une autre animatrice. Il y a une vingtaine de minutes de route, mais c'est assez contraignant."

L’une des raisons de cette pénurie d’animateurs concerne aussi le coût du Bafa. L’aide de 200 euros annoncée par le gouvernement pour passer le diplôme est “un peu juste, Il reste encore 800 euros à la charge du jeune”, avance Jean-Daniel Lemercier. Le directeur de la Fédération familles rurales d’Ille-et-Vilaine aimerait en plus "une aide aux organismes de formation pour diminuer le coût proposé aux jeunes". En attendant à Guignen, on s’inquiète déjà pour les mercredis après les vacances car deux animatrices ont déjà annoncé qu’elles ne reviendront pas.

Centres de loisirs cherchent animateurs : reportage de Farida Nouar

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