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"À la télé, j'ai vu qu'il y avait moins d'heures pour s'occuper des patients" : le métier d'aide-soignant ne suscite plus les vocations

Le nombres de candidatures à la formation d'aide-soignant est en baisse, alors que les besoins augmentent.  

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une aide-soignante auprès d'une pensionnaire dans une maison de retraite de Rennes (Ille-et-Vilaine) le 22 juillet 2013 (illustration). (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Dans un salon d'orientation post-bac, comme il s'en déroule des dizaines chaque année en France, une conférence est organisée sur le métier d'aide-soignant. Un métier porteur, en raison de l'espérance de vie qui augmente, mais il séduit de moins en moins les jeunes, à l'heure du choix d'une filière.

Aide-soignant : un métier qui n'attire plus les vocations - un reportage de Solenn Le Hen

Esther, Bettina et Samira s'assoient au fond de la salle, pas au premier rang. Ces lycéennes ne sont plus tellement convaincues d'avoir envie de devenir aide-soignante, après le bac. "À la télé, j'ai vu qu'il y avait moins d'heures pour s'occuper des patients, moins de personnel. Du coup, c'est plus difficile pour s'occuper des patients", déclare l'une des jeunes filles. "Il y a aussi le fait qu'elle ne gagnent que 1 200 euros, alors que leur travail mérite beaucoup plus je pense. Donc, j'hésite. Non, je ne veux pas vraiment faire ça en fait", ajoute sa voisine. "Avant oui, mais maintenant, je ne veux plus le faire. C'est un métier difficile", renchérit la troisième. 

Une image négative

Résultat, depuis trois ans, les inscriptions aux concours d'aides-soignants chutent. C'est le cas à l'Institut de formation de Dole, dans la Jura, dont Corinne Calard est la directrice. Les inscriptions sont tout juste closes. "C'est encore en baisse cette année, puisque nous avons 66 candidats inscrits, alors que l'an dernier, nous en avions 71 et il y a deux ans, 78 inscriptions", précise la directrice. À Dole comme partout, c'est la crise des vocations, un phénomène national souligne Thérèse Palin, présidente de l'Union française des aides-soignants, qui se souvient de périodes plus fastes. "Avant, il y a avait beaucoup de demandes pour faire ce métier. Il y avait tellement de personnes que vous pouviez avoir 20/20, vous n'entriez pas s'il y avait le nombre suffisant. Ça débordait", affirme-t-elle. 

Un problème de pénibilité

De nombreuses personnes, une fois devenu aides-soignantes, abandonnent avant la fin de leur carrière. "Vous en avez qui partent bien avant la retraite, en raison de problèmes de santé, des problèmes d'épaule, de dos", déclare Thérèse Palin, décrivant des aides-soignantes qui "ne peuvent plus assurer". "C'est le travail qui est de plus en plus difficile. C'est du travail à la chaîne. Quand vous avez dix minutes pour faire une toilette, c'est de la maltraitance. Et beaucoup de gens qui ont fait la formation ne veulent pas", assure la présidente de l'Union française des aides-soignants.    

Comment rendre le métier attractif dans ce contexte ? Le ministère de la Santé se dit conscient du problème. Il travaille sur des projets pour faciliter les évolutions de carrière, les reconversions et réfléchit à une prime pour les aides-soignants qui travaillent en maison de retraite.  

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