Aix-en-Provence : un couple de maraîchers bio porte plainte après la pulvérisation de glyphosate sur ses cultures
Le cultivateur s'est retrouvé à l'hôpital. Les vandales risquent jusqu'à cinq ans de prison pour "destructions et dégradations par moyen dangereux".
Tristan et Oriane Arlaud sont installés comme maraîchers bio depuis plus de dix ans au Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône), à quelques kilomètres au nord d'Aix-en-Provence. Début juillet, ils découvrent un matin une dizaine de leurs serres lacérées à coups de cutter, avec à l'intérieur, leurs plants de tomates très mal en point.
"Mon mari a continué à nettoyer ses tomates, à entretenir les plants", raconte Oriane Arlaud. Mais sans s'en rendre compte immédiatement, l'inhalation et le contact avec le produit l'empoisonnent. Et il se retrouve à l'hôpital. "C'était des vomissements, des diarrhées, des troubles de la vision, puis une perte d'énergie totale", poursuit Oriane Arlaud qui estime pourtant avoir eu de la chance.
Chaque semaine avec nos filles, on prend des barquettes, on va ramasser nos fraises, nos tomates. Il s'est trouvé que cette semaine-là, on n'était pas allées. Elles ont 4 et 5 ans, elles aussi elles auraient très bien pu se retrouver intoxiquées comme l'a été mon mari.
Oriane Arlaud, maraîchère bioà franceinfo
Du glyphosate dans leurs tomates, "pour un maraîcher bio, ça ne peut pas être pire"
Après une série d'analyses, les maraîchers apprennent que leurs cultures ont en fait été aspergées à haute dose de glyphosate, alors que la substance est bannie en bio. "Pour un maraîcher bio, il faut s'imaginer qu'avoir ses serres pulvérisées de pesticides, ça ne peut pas être pire. Ce n'est pas une averse de grêle qui a détruit votre parcelle, ce n'est pas une maladie qui a détruit toutes vos tomates dans la serre. Ça c'est la nature et on s'y attend. Pour moi, le geste n'est pas anodin, affirme Oriane Arlaud. On aurait pu tuer mes cultures différemment si le but c'était de faire mourir mon entreprise. On est en bio et on détruit notre ferme à coups de pesticides. Je crois que le message est assez clair."
Aujourd'hui les époux Arlaud ont perdu 35 000 euros de marchandise et en plus une partie de leur exploitation est polluée. Ils ne peuvent donc plus produire en bio, comme l'explique la maraîchère : "Là, je perds toutes mes cultures d'été. Je perds toute ma capacité de plantation d'automne puisque mes six serres sont déclassées. Je repars en reconversion."
Des actes de vandalisme à répétition
Ce n'est pas la première fois que l'exploitation est visée par des actes de vandalisme mais leur plainte à la gendarmerie de Venelles n'a rien donné. Pour les gendarmes l'enquête est très difficile sans images de flagrant délit. Alors l'avocat des maraîchers, Maître Quentin Motemps, passe à la vitesse supérieure et porte plainte devant le procureur de la République. "Ce que j'attends, c'est que le dossier soit pris au sérieux, qu'il soit repris en main par le procureur de la République, que les auteurs soient identifiés et que les infractions soient qualifiées", indique leur avocat, Quentin Motemps. Les coupables encourent jusqu'à cinq ans de prison pour "destructions et dégradations par moyen dangereux".
En attendant de voir si les auteurs des faits se retrouvent devant un tribunal correctionnel, les époux Arlaud ont pour l'instant reçu le soutien de leurs clients pour éviter qu'ils mettent la clé sous la porte.
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