Agriculture : les accords directs entre coopératives laitières et grande distribution se développent pour des revenus plus décents
Des accords entre producteurs de lait et enseignes de grande distribution se développent, en parallèle des négociations commerciales annuelles, permettant des revenus plus décents pour les éleveurs.
Les négociations commerciales se terminent jeudi 28 février. Comme chaque année, industriels de l’agroalimentaire et supermarchés ont jusqu’à minuit jeudi pour négocier les prix de l’année qui vient. À l’écart de ces grandes manœuvres, des accords plus directs se développent entre producteurs et grande distribution, permettant aux agriculteurs de vivre décemment de leur métier. Une autre façon de procéder qui suscite l'intérêt des éleveurs.
S'assurer de meilleurs revenus
En 2010, lorsque Gilbert Domergue monte sa coopérative laitière, c’est la fin des quotas laitiers : les cours s’effondrent. La crise bat son plein. Personne ne croit vraiment au projet Cant’Avey’Lot, situé au carrefour du Cantal, de l’Aveyron et du Lot. Personne, sauf une enseigne de la grande distribution. "C'était un petit peu utopique de se structurer en association et de créer Cant'Avey'Lot pour vendre notre lait en direct. Nous avons eu la chance de croiser l'enseigne Franprix qui a pris elle aussi d'énormes risques en croyant en nous. On a eu l'idée de faire les États généraux avant l'heure et de les mettre en application !", s'amuse Gilbert Domergue. Les États généraux, chers au président de la République, sont censés ramener de l’argent dans les cours de ferme. Grâce au système adopté par Gilbert Domergue, ça a bien été le cas.
Le litre de lait [est] payé au producteur 42 centimes. On est 30% supérieur, largement au-dessus du prix de revient, ce qui permet de vivre décemment et de voir l'avenir beaucoup plus sereinement.
Gilbert Domergueà franceinfo
Un litre de lait acheté plus cher au producteur, mais pas vendu plus cher en rayon - 95 centimes d'euros - donc tout le monde est gagnant. "Ça a été un pari aussi pour nous, mais une façon d'offrir un bon produit à un prix correct", explique Cécile Guillou, la directrice générale exécutive de Franprix.
Répondre à la demande des consommateurs
Aujourd’hui, Franprix écoule ainsi plus de 4 millions de litres de lait par an. Un succès, qui l’a conduit à proposer depuis quelques semaines des yaourts de la coopérative.
Avoir retiré tous les intermédiaires entre eux et nous fait que, en rémunérant bien l'agriculteur, on peut tout à fait proposer un prix correct à nos clients pour un produit de qualité.
Cécile Guillouà franceinfo
Ce type de partenariat entre des producteurs et la grande distribution fait de plus en plus parler parce que tout le monde s’y retrouve. "C'est une tendance qui devient plus globale peut-être pour rendre à une demande du consommateur, pour que les éleveurs aient un revenu digne pour leur travail, avance Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait. Le meilleur moyen en termes de transparence pour assurer cela est de mettre en œuvre un contrat tripartite qui lie, dans la même négociation, le prix qui sera payé pour chacune des partie". Quasiment toute la grande distribution a annoncé des partenariats similaires, avant et pendant le Salon de l’agriculture.
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