Guerre en Ukraine : les agriculteurs français augmentent la production de tournesol pour pallier les problèmes d'approvisionnement
Alors que 80% de la production d'huile de tournesol est assurée par l'Ukraine et la Russie, le conflit entre les deux pays provoque des problèmes d'approvisionnement. Les agriculteurs français se mobilisent donc pour augmenter la production dans l'Hexagone.
Depuis une semaine, Dominique Defay passe 15 heures par jour dans la cabine de son tracteur ultra-connecté. "C'est le moment des semis pour le tournesol", explique cet agriculteur de Tennie (Sarthe) mardi 26 avril. Il travaille sur une exploitation de 170 hectares en polyculture et, cette année, il a fait la part belle au tournesol. "J'avais prévu environ une vingtaine d'hectares de tournesol. J'ai finalement mis 9 hectares de plus."
Comme lui, beaucoup d'agriculteurs ont décidé de cultiver plus de tournesol. Ainsi, d'après la Fédération des producteurs d'oléagineux, les surfaces consacrées à cette culture devraient représenter 800 000 hectares en 2022 selon les prévisions, contre 700 000 en 2021. La raison : la guerre en Ukraine. En effet, l'Ukraine et la Russie assurent, à elle deux, 80% de la production mondiale d'huile de tournesol. Le conflit entraîne donc des des problèmes d'approvisionnement, les consommateurs procédant à du surstockage. Si la pénurie n'est pas avérée pour l'instant, elle pourrait se faire sentir en septembre si le conflit se poursuit. L'État français a d'ailleurs anticipé et autorisé les industriels à utiliser d'autres huiles sans modifier leurs emballages.
Un prix à la tonne qui a doublé
Certains agriculteurs ont donc jugé qu'il y avait là une opportunité. "C'est vraiment le conflit ukrainien qui m'a fait prendre cette décision", confirme Dominique Defay. Le prix des graines a effectivement fortement augmenté. "Aujourd'hui, le tournesol vaut près de 800 euros la tonne. Il y a un an et demi, ça en valait à peine 400." Il espère donc que son "pari sur l'avenir" de renforcer sa production de tournesol sera "économiquement intéressant".
Une partie des 90 agriculteurs de la coopérative Oléandes, basée à Mugron dans les Landes, a fait le même pari. L'entreprise produit une huile pressée à froid, vendue déjà 30% plus chère que l'huile industrielle. Et son prix a encore augmenté : "On était entre 4 euros et 4,50 euros la bouteille. Maintenant, on est sur 5 euros", détaille Julien Saint-Palais, le directeur général l'entreprise. Pour autant, cela ne décourage pas les acheteurs, selon lui.
"Les acheteurs sont vraiment désespérés. Ils ne trouvent pas d'autres huiles ailleurs."
Julien Saint-Palais, directeur général d'Oléandesà franceinfo
L'entreprise, qui tourne déjà à plein régime, est très sollicitée, par "pas mal d'industriels et de restaurateurs". Et cela ne s'arrête pas aux frontières de l'Hexagone. "On a été contactés par l'Espagne ou l'Italie !, raconte Julien Saint-Palais. Malheureusement, le peu d'huile qu'on avait en supplément a été vendu en quelques jours."
Si l'augmentation des capacités de production est une solution à court terme, les problèmes d'approvisionnement nécessitent une vraie réflexion, selon Mickaël Nogal, le directeur général de l'Association nationale des industries alimentaires. "La solution à moyen et long terme est de travailler sur la souveraineté alimentaire, de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier", analyse-t-il. L'objectif ? "Être certains que demain, en cas de crise, on ne soit pas pris de court et qu'on puisse avoir des alternatives." À défaut d'huile de tournesol, les consommateurs pourront se rabattre sur le colza, dont les surfaces devraient augmenter de 18% par rapport à 2021.
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