"Il faut savoir ce que nous consommons" : la question écologique s'invite au Festival de la viande, en Mayenne
À l'heure où de plus en plus de voix, notamment du côté des écologistes, réclament de manger moins de viande pour faire face au réchauffement climatique, les professionnels de la boucherie comptent bien aussi se faire entendre et défendre leur métier.
C'est la tradition des amateurs de viandes. Le festival de la viande a lieu jusqu'au dimanche 4 septembre, à Évron entre Laval et Le Mans, en Mayenne. Ce rassemblement réunit éleveurs de bovins et professionnels de la viande de toute la France. Sous un grand hangar, 386 animaux sont exposés. Chaque éleveur est venu avec ses plus belles bêtes pour les mettre en vente.
"Ces animaux, c'est vraiment du haut de gamme, du très haut de gamme, s'exclame Jean-Yves Renard, président du festival de la viande d'Evron et président de la fédération nationale des animaux de boucherie. C'est même encore meilleur que le Label. Il y a des Rouges des prés, des Parthenaises, des Blondes d'Aquitaine, des Limousins, des Charolais, des Blanc Bleu. Et on fait venir des jurés de Belgique, du nord et du sud de la France. Que des professionnels de la viande pour classer ces animaux."
Une viande que l'on peut manger quelques mètres plus loin en tartine, en sandwich ou en grillades. Pour Jean-Yves Renard, appeler à manger moins de viande, c'est insulter les éleveurs. "Cette minorité fait du mal aux éleveurs parce que c'est quand même eux qui remplissent nos assiettes matin, midi et soir, déclare Jean-Yves Renard. Je ne suis pas contre que les gars ne mangent pas de viande mais qu'ils foutent le bazar, je ne suis pas d'accord. Et la viande ne pollue pas plus que des avions ou des gros bateaux qui font les croisières."
Un métier qui doit s'adapter
Selon l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) 1 kg de viande bovine équivaut à une émission de 27 kg de gaz à effet de serre. Ces enjeux, Samuel, jeune éleveur dans la Sarthe, les entend et il est conscient que le métier doit s'adapter au changement climatique : "Aujourd'hui, on parle beaucoup de sécheresse parce qu'il va falloir s'y habituer. Donc ça va être de mettre en place des cultures pour pouvoir alimenter nos animaux avec du fourrage en particulier dans les années à venir. Il faut savoir ce que nous consommons, il faut savoir d'où ça vient."
"Il faut savoir qu'en France, notre premier concurrent c'est l'import. Que ce soit dans toutes les viandes, ça pollue beaucoup. Alors moi je suis pour consommer moins mais consommer mieux, c'est faire vivre les filières françaises."
Samuel, éleveurà franceinfo
Consommer français et local est aussi le combat de Marine Druesne, 30 ans, bouchère dans le Pas-de-Calais : "Aujourd'hui, il faut être flexitarien : manger de tout en petite quantité. Il faut sélectionner bien sa viande mais comme bien ces légumes, comme tout, il n'y a pas de 'faux plus manger', c'est un juste milieu à avoir. Il faut vérifier tout ce qui est traçabilité, connaître et se renseigner. Savoir d'où vient la bête, de quel élevage, de quel secteur est ce qu'elle a traversé la France ou même, plus que la France, l'alimentation qu'elle a eu. Je pense que c'est important. Après, c'est le métier de l'artisan boucher de faire ce boulot."
"Une viande de super qualité"
Une qualité recherchée aussi par les restaurateurs qui choisissent ici leurs viandes. Bertrand Boulier travaille depuis 30 ans en Mayenne et il a vu les exigences évoluer. "Même si on paye un petit peu plus cher, aujourd'hui on veut servir vraiment du haut de gamme, explique le restaurateur. Il y a 30 ans, on faisait beaucoup d'intensif. On faisait un petit peu n'importe quoi. Aujourd'hui, on a des jeunes fermiers qui ont entre 25 et 40 ans, qui sont vraiment des pros. On trouve un pourcentage de muscle dans la viande qui est vraiment important pour nous, une viande de super qualité."
Tous ici militent pour une agriculture raisonnée, à mi-chemin entre l'agriculture biologique et l'agriculture intensive. C'est selon eux la seule réponse pour défendre à la fois leur savoir-faire et l'environnement.
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