Les agriculteurs bio dénoncent les contaminations de certaines cultures par un puissant pesticide

La Fédération nationale d'agriculture biologique s'insurge contre le coût des analyses toxicologiques à réaliser pour s'assurer que leurs cultures ne sont pas contaminées par le prosulfocarbe.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un champ parsemé de fleurs de sarrasin, à Saint-Coulomb (Ille-et-Vilaine), le 17 juillet 2024. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)

C'est un herbicide très volatil largement utilisé pour traiter les céréales. La Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab) a appelé, mercredi 27 novembre, à "faire la transparence" sur les contaminations des cultures bio par le prosulfocarbe. Le mouvement a annoncé une "première mobilisation" sur le terrain jeudi après-midi devant la Direction départementale des territoires de l'Yonne, à Auxerre.

Ce pesticide "contamine régulièrement des cultures non-cibles comme le sarrasin qui, pour être à maturité, est récolté en automne, bien souvent au moment des traitements chez les agriculteurs non bios", explique la Fnab dans un communiqué. "On nous avait promis l'an dernier une indemnisation avec la hausse des taxes sur les pesticides et finalement tout a disparu avec les mobilisations agricoles. On nous balade depuis quatre ans, ça ne peut plus durer", déplore Philippe Camburet, président de la Fnab et "producteur bourguignon de sarrasin contaminé".

"On doit prouver que le sarrasin n'est pas contaminé"

Au niveau européen, l'autorisation du prosulfocarbe est prolongée jusqu'à fin janvier 2027, le temps de réévaluer le produit. En France, le prosulfocarbe est autorisé depuis 1990. Il est aujourd'hui la deuxième substance active la plus vendue, derrière le soufre et devant le glyphosate. En 2023, l'agence de sécurité sanitaire Anses a imposé aux agriculteurs utilisant cet herbicide, employé notamment pour le blé et les pommes de terre, de respecter une zone tampon d'au moins 10 mètres avec les zones d'habitation et de diminuer les dosages.

Mais pour la Fnab, ces distances sont inopérantes du fait de l'extrême volatilité de cette substance, dont elle demande l'interdiction pure et simple. "Aujourd'hui, si on veut que notre sarrasin soit collecté, on doit prouver qu'il n'a pas été contaminé en faisant faire à nos frais des analyses toxicologiques", explique Loïc Madeline, producteur de sarrasin bio en Normandie, cité dans le communiqué. S'appuyant sur les données d'organismes certificateurs et de collecteurs, la Fnab affirme que depuis 2018 plus de 400 récoltes biologiques de sarrasin sont contaminées par du prosulfocarbe. Entre 2020 et 2022, cela a représenté au moins 550 tonnes de sarrasin et une perte estimée à 550 000 euros pour les producteurs.

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