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"On fait face à une recrudescence des attaques" : en Seine-Maritime, le loup inquiète les éleveurs

Après plusieurs semaines de recherches et d'incertitude, la préfecture de Seine-Maritime confirme la présence d'un loup dans le département. Une première depuis plus d'un siècle. Ces derniers mois, les attaques se sont multipliées autour du village de Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime), ce qui ne rassure pas les éleveurs.

Article rédigé par franceinfo - Victor Vasseur, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une brebis dans un champ à Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime), le 21 juillet 2020. (VICTOR VASSEUR / RADIO FRANCE)

"Quand j'ai vu mes bêtes comme ça, j'ai tout de suite compris que c'était le loup". Florian, jeune éleveur de 23 ans installé à Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime), a retrouvé il y a quelques jours l'une de ses brebis morte, attaquée par un loup, dans son pré, entouré d'un grillage. "Il y a un peu de tristesse, car on est quand même attaché à ses bêtes, reconnaît-il. Il peut revenir à tout moment, il y a un champ de maïs au-dessus, il peut être caché."

L'éleveur a donc changé ses habitudes : chaque matin, avant de démarrer sa journée de travail, il jette un coup d'oeil dehors."On ne sait jamais, confie-t-il, j'ai toujours un peu peur de recevoir un coup de téléphone de quelqu'un, qu'on me dise que mes bêtes sont étalées dans l'herbage."

Huit attaques depuis le début du mois

Ce sont d'abord des chasseurs qui donné l'alerte, au mois de février. Puis, pendant le printemps, le nombre d'attaques de loup a augmenté. La silhouette de l'animal avait été photographiée par un appareil automatique dans la nuit du 7 au 8 avril à Londinières, dans le Pays de Bray, près de Dieppe. "On avait eu entre mai et juin à peu près cinq ou six attaques par mois avec parfois des espacements de l'ordre de deux à trois semaines qui pouvaient faire penser que l'animal avait quitté le territoire, ce qu'il a peut-être fait ponctuellement, ça on n'en sait absolument rien", explique Cyril Teillet, responsable du bureau de la nature et de la forêt et du développement durable à la Direction départementale des Territoires et de la Mer de Seine-Maritime (DDTM 76). "C'est vrai que depuis le début du mois de juillet, on fait face à une recrudescence des attaques, reconnaît-il. On a eu huit attaques depuis le début du mois, et on n'est même pas à la moitié."

Cyril Teillet, responsable du bureau de la nature et de la forêt et du développement durable à la Direction départementale des Territoires et de la Mer de Seine-Maritime (DDTM 76). (VICTOR VASSEUR / RADIO FRANCE)

Après plusieurs mois d'enquête, d'analyse de vidéos et de photos, de prélèvements de poils par exemple, il n'y plus aucun doute pour Cyril Teillet. Il y a d'abord eu une série d'attaques au mois d'avril, puis il a observé un éclatement géographique des attaques. De nouvelles prises de photos et des relevés d'empreintes confirment sa thèse.

Ce n'est plus une conviction, c'est une certitude que le loup est bien présent sur le département aujourd'hui.

Cyril Teillet, Direction départementale des Territoires et de la Mer de Seine-Maritime

à franceinfo

Au total, une trentaine d'attaques sur des troupeaux de brebis ont eu lieu depuis le début de l'hiver. Ils doivent à présent s'adapter. Sébastien Perrier, éleveur, vit à deux pas d'une grande forêt, mais il n'est pas encore inquiet pour ses troupeaux. "Il faut éviter de les laisser trop loin et trop longtemps, explique-t-il. Mes bêtes rentrent tous les jours, elles sont autour de la maison. Il y a des chiens, mais en fait quand ils sont éloignés, il va falloir trouver des solutions, comme des filets électriques."

Sébastien Perrier, éleveur à Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime). (VICTOR VASSEUR / RADIO FRANCE)

Mais ce n'est pas infaillible, précise Sébastien. D'autres méthodes existent, comme les méthodes d'éffarouchement, avec du bruits, ou des spots lumineux qui s'allument quand le loup arrive. Avoir des gros chiens, des patous, comme en montagne, est une autre solution.

Les bergers de Seine-Maritime inquiets : écoutez le reportage de Victor Vasseur

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