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"On parle aux bêtes pour les détendre" : le premier abattoir mobile pour bovins de France a démarré son activité

Trois camions et cinq opérateurs sillonnent les routes de Côte-d’Or pour se rendre  directement chez les éleveurs. Chaque jour, ils abattent en moyenne quatre bêtes de manière "plus calme et sereine" qu'en abattoir classique. 

Article rédigé par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'équipe de la filière d'abattage mobile Bœuf Ethique.  (CLEMENTINE VERGNAUD / RADIO FRANCE)

Sur une dizaine de mètres, des barrières créent un couloir direct entre l’étable et la porte de l’abattoir. Pas de transport donc, grâce à l'abattoir mobile de l'équipe de Boeuf Ethique, qui s'est arrêté, mercredi 15 septembre, à Créancey (Côte-d'Or). Ce temps de transport en moins réduit considérablement le stress des bêtes mais aussi celui de l’éleveur Gilles Morel. "C'est rassurant dans le sens où on va jusqu'au bout des choses, affirme-t-il. C'est moi qui était derrière pour les faire monter donc j'ai vu comment cela se passait. Ça correspond à ce que je pensais donc bien quoi."

Concrètement, le bovin passe la porte et se retrouve dans un piège qui le bloque. C’est là qu’intervient David Blondelle : un coup de matador pour étourdir l’animal, puis la saignée. Celui qui a travaillé pendant plusieurs années dans des abattoirs traditionnels, qui peuvent abattre parfois jusqu'à 500 animaux par jour, voit clairement la différence dans cette structure. "C'est complètement différent d'un abattage classique où toutes les trois-quatre minutes, il faut qu'il y ait une bête qui rentre ou qui sorte, indique-t-il. Là on a le temps de pouvoir faire les choses, d'avoir la bonne approche qu'il faut : une approche très calme, très sereine, très paisible. On leur parle pour les détendre, pour les rassurer. C'est beaucoup plus calme ici qu'en abattoir."

L'abattoir mobile de l'entreprise Bœuf Ethique à Créancey (Côte-d’Or).  (CLEMENTINE VERGNAUD / RADIO FRANCE)

Ensuite, un autre opérateur retire les cuirs de la carcasse avant de la transférer sur une deuxième plateforme. "Et c'est là qu'il va y avoir la préparation à l'éviscération, explique l'éleveuse Emilie Jeannin, qui a imaginé le projet il y a cinq ans. Une fois que c'est éviscéré, la carcasse est fendue en deux avec la scie."

Une meilleure rémunération de l'éleveur

Puis la carcasse est pesée et envoyée au frigo pour être refroidie en dessous de sept degrés avant de partir à la découpe et au conditionnement. Une logistique très lourde qui a amené l'entreprise Boeuf Ethique à penser un projet complet. "Cette logistique importante, le nombre de personnes qui doit travailler pour que le travail soit bien fait, a forcément un coût. C'est comme ça qu'on en est venus à réfléchir à avoir une filière entière où on achète les animaux vivants aux éleveurs, où on les abat et où on vend la viande nous-même", détaille Emilie Jeannin.

Supprimer les intermédiaires permet d'amortir ce coût supplémentaire et une meilleure rémunération de l'éleveur : 40 centimes de plus le kilo pour les bêtes de Gilles Morel par exemple, ce qui représente environ 160 euros supplémentaires pour chacune des trois bêtes abattues ce jour-là. Ces abattoirs mobiles pourraient représenter l'avenir du secteur face à l'effondrement du nombre des structures plus traditionnelles et industrielles. Il en existe aujourd'hui 265 en France contre 1 200 dans les années 1970. 

Le premier abattoir mobile pour bovins de France a démarré son activité - le reportage de Clémentine Vergnaud

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