Records de l'agriculture bio en 2018 : "Les chiffres pourraient être encore plus importants"
Selon Florent Guhl, directeur de l'Agence Bio, le plus difficile pour les producteurs qui veulent se convertir est de "s'en sortir techniquement".
"Les chiffres pourraient être encore plus importants", a réagi mardi 4 juin sur franceinfo Florent Guhl, le directeur de l'Agence bio, l'organisme public qui suit l'évolution du bio en France et qui publie des résultats records du bio en France en 2018. L'année dernière, 5 000 exploitations sont passées en bio et la production a doublé en cinq ans. Mais selon Florent Guhl, "ça reste techniquement et économiquement difficile [pour les producteurs] de faire ce choix".
franceinfo : Y a-t-il un effet d'entraînement ?
Florent Guhl : C'est très visible, en particulier dans les régions qui ont une histoire importante de développement de l'agriculture biologique, plutôt au sud de la France et dans l'Ouest. Passer en bio n'y est pas forcément plus facile mais en tout cas on bénéficie de l'expérience des anciens. (...) Quand on se félicite de 5 000 nouveaux agriculteurs, de 10% des fermes et de 14% de l'emploi agricole, on voit bien que les chiffres pourraient être encore plus importants. Ça veut bien dire que ça reste techniquement et économiquement difficile de faire ce choix.
Qu'est ce qui est le plus compliqué quand on passe en bio, d'après ces producteurs ?
C'est de s'en sortir techniquement. Il faut retrouver des pratiques culturales, en faisant davantage de production, par exemple en tournant sur davantage de produits. Il y a des savoir-faire à retrouver, c'est vraiment un élément clé. Il faut aussi retrouver les filières, c'est-à-dire comment mon produit agricole va être valorisé en bio parce que tout doit être bio, du champ jusqu'à l'assiette. C'est donc toute une filière, toute une organisation qu'il faut mettre en place dans les territoires.
Est-ce que la crainte est désormais de voir des géants de l'agroalimentaire s'intéresser de plus en plus près au bio au risque de le dévoyer ?
Aujourd'hui, l'agriculteur biologique dans une région ne passe plus forcément pour quelqu'un de complètement hors sujet. C'est déjà un élément clé. Après, ça peut vouloir dire que ce développement, devenant moins marginal voire même presque tendance dans certaines régions, peut emporter des gens qui auraient moins ce militantisme initial. Je crois qu'il ne faut pas non plus tout le temps avoir ce scepticisme, qui nous amène à ne pas valoriser le fait que c'est quand même très intéressant. La majorité des agriculteurs qui veulent bouger vont vers le bio. On va donc mener ce travail pour que le développement continue à être intéressant.
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