Réforme de la PAC : "Nous devons tous avoir les mêmes règles du jeu", insiste la présidente de la FNSEA, qui redoute la concurrence déloyale
Une part des aides directes versées aux agriculteurs dans le cadre de la réforme de politique agricole commune (PAC) sera versée pour récompenser leurs efforts écologiques. La FNSEA veillera à ce que "ces règles s'appliquent à l'ensemble des pays européens", explique Christiane Lambert.
Un accord a été trouvé mercredi 21 octobre entre les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne sur une réforme de la politique agricole commune (PAC), marquée par des règles environnementales plus contraignantes et la mise en place des "écorégimes", un système de primes versées aux agriculteurs pour soutenir leur participation à des programmes environnementaux plus exigeants, deviendraient obligatoires : chaque Etat devra y consacrer au moins 20 % des paiements directs de l'UE. "Ce qui est très important c'est que ces règles s'appliquent à l'ensemble des pays européens", a insisté sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
franceinfo : Que pensez-vous des "écorégimes", ce système de primes versées aux agriculteurs qui soutiennent des programmes environnementaux exigeants ?
Christiane Lambert : Nous comprenons cette orientation puisque tous les secteurs d'activité sont confrontés à faire plus vert et à introduire de la durabilité dans leur pratique, au regard du changement climatique, notamment. Ce qui est très important pour nous, c'est que ces règles s'appliquent à l'ensemble des pays européens. Puisque nous sommes sur un marché unique, nous devons tous avoir les mêmes règles du jeu. Donc que tout le monde y soit soumis, c'était une absolue nécessité et on va voir maintenant qu'elles sont les modalités de mise en œuvre. Je préfère qu'il y ait 20% (du montant des aides directes) obligatoire pour tous plutôt que 30% que ne respecteront que certains pays, ceux les plus avancés.
Craignez-vous une concurrence déloyale de la part de certains États ?
Oui, c'est déjà le cas aujourd'hui. La France est toujours mieux-disante pour la mise en œuvre des directives quelles qu'elles soient, sanitaires, environnementales, sociales. Là, ce n'est pas normal que certains pays aient voulu s'exonérer de ce respect. Le fait que tous les pays soient soumis est indispensable. Nous allons veiller à la façon dont cela va se mettre en œuvre.
Les petites exploitations devraient être soumises à des contrôles simplifiés, cela réduirait la charge administrative. Est-ce une bonne chose ?
C'est normal, cela existe déjà et il fallait le pérenniser. Les exploitations qui touchent moins de 2 000 euros ne sont pas soumises aux mêmes règles de contrôle. Les contrôles sont très complexes en agriculture et, pour les petites exploitations, c'est difficile à remplir, donc c'est quelque chose que nous avons soutenu. Je trouve assez injuste que les mouvements environnementaux expriment du mécontentement, ils ont fait un lobbying féroce auprès des parlementaires européens, et ils ont tort de critiquer; Nous, nous sommes beaucoup plus modernes, nous avons intégré qu'il faut progresser, qu'il faut une croissance durable, mais il faut des agendas et des accompagnements. Les agriculteurs font énormément d'efforts. Ils produisent l'alimentation, ne l'oublions pas. On a tous mangé pendant le confinement, c'est grâce à la PAC et aux agriculteurs. Donc, la PAC est faite pour verdir et pour produire l'alimentation.
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