: Reportage "C'est ma pire année" : les agriculteurs victimes de mauvaises moissons dans la Beauce, alors que les aides de l'État tardent
Le gouvernement est prêt à venir en aide aux céréaliers qui subissent de très mauvaises récoltes. C'est ce qu'a affirmé le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, lundi 29 juillet, lors d'un déplacement sur une exploitation en Eure-et-Loir. ll faudra attendre un état de lieux complet des pertes et donc la fin de moissons partout en France, pour que des aides exceptionnelles soient versées. Mais sur le terrain, on constate déjà que les cultures de céréales ont souffert de la pluie et du mauvais temps des mois derniers, comme dans cette exploitation de céréales de la Beauce, dans le Loiret.
Depuis une plateforme dans son hangar, Clément Mercier se penche pour regarder dans les silos où il stocke une partie de sa moisson. Dans celui qui contient le blé tendre, "on peut constater qu'on est rempli qu'à la moitié parce que l'année n'est pas bonne", se désole le jeune agriculteur. Il cultive du blé, de l'orge et du colza depuis sept ans à Morville-en-Beauce, dans une exploitation de 200 hectares. Et il est catégorique : "C'est ma pire année sur ma jeune carrière de sept ans pour l'instant."
"On a entre 20 et 30% de perte, ce qui est énorme.
Clément Mercier, agriculteurà franceinfo
Une année avec des rendements "catastrophiques" selon Clément, qui a fait ses comptes sur une feuille de papier. "Pour du blé, je n'ai fait que 70% de mon potentiel. En blé dur j'ai fait 75 %, et l'orge je suis à 80% de mon potentiel. Je n'ai que le colza qui fait à peu près ce qu'il aurait dû", constate-t-il. " On pourra se payer dessus, mais on ne va pas non plus compenser tout le reste."
Et il est loin d'être le seul. L'Association générale des producteurs de blé rapporte jusqu'à 38% de pertes de blé dur dans certaines exploitations, alors que les moissons de céréales touchent à leurs fins dans la Beauce.
Des fortes pluies et un manque de soleil
"Moralement, c'est un peu déprimant", confie Clément, qui accuse le coup, comme ses confrères. "On a bossé pendant toute une campagne. Les céréales, ça dure neuf mois et on a fait tout ce qu'il fallait. C'est quelque chose sur lequel on n'a pas de prise, en l'occurrence la météo, qui a été le facteur limitant", selon lui.
Cet hiver, les fortes pluies ont asphyxié les graines qui n'ont pas donné autant que d'habitude. Et au printemps, les épis de blé n'ont pas eu assez de soleil pour grossir. C'est ce qui explique cette mauvaise moisson, lourde de conséquences.
"C'est une année où, soit l'agriculteur ne se paye pas, soit il ne va pas avoir grand-chose à la fin."
Clément Mercierà franceinfo
"Des crises comme ça, on en a de plus en plus souvent, assure le jeune agriculteur. Et quand déjà, la structure de base n'est pas bonne parce que le contexte économique et agricole est loin d'être florissant, ça n'aide pas, ça remet un coup de plus."
Le ministre de l'Agriculture s'est engagé à aider les céréaliers si les moissons sont vraiment mauvaises. Pour compenser ses pertes en céréales, Clément Mercier, lui, compte sur ses récoltes de maïs et de betterave, qui auront lieu en octobre et novembre.
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