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Reportage Dans les Landes, l'épidémie de grippe aviaire fait des ravages : "On a un sentiment d'impuissance"

C'est un autre virus dont on parle moins mais qui fait des ravages en Europe dans les élevages de volailles. La grippe aviaire continue de se propager en Europe et en France. Des millions de volailles contaminées sont en cours d'abattage dans notre pays principalement dans les Landes.

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jean-Pierre Dubroca, éleveur de canards dans les Landes. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Il y a eu un premier signalement en novembre, puis une accélération en janvier. Dans les Landes, le pays du foie gras, l'épizootie - une épidémie frappant les animaux - de grippe aviaire a laissé un grand vide avec des millions de volailles abattues.  La France n'est pas le seul pays touché en Europe, l'épidémie frappe aussi l'Italie, la Pologne, l'Allemagne et les Pays-Bas. Les autorités comptent près de 230 foyers d'infection, dans le Gers, les Pyrénées-Atlantiques, mais principalement au sud des Landes, avec 170 exploitations touchées.

Depuis le 9 janvier, 12 000 canards ont été abattus chez Jean-Pierre Dubroca, 57 ans, éleveur à Buanes à 25 km au sud de Mont-de-Marsan."On ne rentre pas dans la zone de l'exportation pour éviter la propagation du virus, explique l'éleveur. Ce sont les conseils qu'on donne à tout le monde donc on se doit de montrer l'exemple." Il faut donc rester derrière les barrières. Pour Jean-Pierre Dubroca l'histoire se répète : "On avait déjà été impactés en 2016 et 2017" et en 2021 aussi. "C'est un sentiment d'impuissance d'abord", soupire-t-il.

Sur cette exploitation toutes les précautions sont prises évidemment : clôtures électriques, hygiène, désinfection, un hangar a même été construit pour mettre à l'abri les canards pendant les périodes à risque. Un lourd investissement pour l'agriculteur : "300 000 euros, que je paye encore pour dix ans !"

"Il faut dire les choses comme elles sont : l'État a assumé ses responsabilités sur l'indemnisation économique de l'influenza [le virus de la grippe] de 2021. Alors certes, c'est trop long, ça met trop de temps."

Jean-Pierre Dubroca, éleveur de canards

à franceinfo

Normalement, l'éleveur devrait être à nouveau indemnisé, "mais on préfère vivre de notre métier plutôt que de vivre des indemnisations de l'État pour compenser un virus qu'on n'arrive pas à maîtriser".

La vaccination comme issue

Hervé Dupouy, éleveur de canards, engraisseur de canards prêts à gaver, et représentant de la FDSEA Landes section palmipèdes, a lui aussi tout perdu. Tous les animaux de son exploitation ont été euthanasiés.

Hervé Dupouy, éleveur de canards et représentant de la FDSEA Landes section palmipèdes. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Pour lui, la vaccination des volailles et des canards pourrait être une solution. "Ça fait depuis 2017 qu'on en parle, indique Hervé Dupouy. Aujourd'hui, tous les pays d'Europe sont touchés. Donc, on a cet alignement des planètes."

"L'Union européenne est présidée par la France, donc on espère que notre ministre de l'Agriculture va porter cela au niveau de l'Europe pour que la vaccination soit acceptée."

Hervé Dupouy, représentant FDSEA des Landes

à franceinfo

Le vaccin est toujours en cours d'expérimentation, mais selon le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, il n'y a pas d'autre solution à terme pour lutter contre la grippe aviaire. Car la seule issue à l'heure actuelle, c'est l'abattage de 3,5 millions de volailles en 2021 et au moins de 2,5 millions en 2022.

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