Grippe aviaire : plus d'un million de volailles abattues, "une injustice cruelle", réagit une éleveuse des Landes
En dépit de "tous les efforts consentis", le virus se propage. Les éleveurs attendent des scientifiques qu'ils expliquent pourquoi les dispositifs "de biosécurité renforcée" et "de mise à l'abri des animaux" n'ont pas fonctionné.
"Nous avons l’impression d’une injustice cruelle", a réagi sur franceinfo vendredi 21 janvier Marie-Hélène Cazaubon, la présidente de la chambre d’agriculture des Landes et productrice éleveur-engraisseur à Montsoué, à côté de Mont-de-Marsan. Plus d'un million de volailles vont être abattues dans le Sud-Ouest pour faire face à la propagation rapide du virus H5N1 : "Nous ne pouvons pas nous permettre des crises à répétition", a-t-elle ajouté. "C'est très, très douloureux, traumatisant", a-t-elle affirmé. Marie-Hélène Cazaubon porte une partie de ses espoirs sur la vaccination. C’est une "piste de travail" qui "est à l’étude", a-t-elle indiqué.
franceinfo : Vous avez perdu tous vos canards. Comment vivez-vous cette situation ?
Marie-Hélène Cazaubon : On a surtout l'impression qu'avec tous les efforts que les producteurs ont consentis en termes d'amélioration de la qualité de leur travail et dans la mise en place de biosécurité renforcée, de mise à l'abri des animaux, effectivement, cette année, on pensait réellement échapper à ce maudit virus qui est malheureusement très présent sur tous les pays d'Europe. Nous ne sommes pas le seul pays concerné. Nous sommes dans une circulation virale, dans un couloir migratoire au niveau de notre département, ce qui fait que nous sommes certainement un peu plus impactés que d'autres départements. Nous avons l'impression aujourd'hui d'une injustice cruelle. Il faut essayer de traverser au mieux et d'accompagner au mieux les producteurs, les salariés, les entreprises concernées par cet épisode.
Pourquoi vos dispositifs n’ont-ils pas protégé vos animaux ?
C’est ce que nous attendons comme réponse des épidémiologistes présents sur notre territoire. Nous avons besoin de réponses de scientifiques. Nous avons baissé drastiquement le nombre d'animaux présents sur nos exploitations pour justement permettre cette mise à l'abri et le bien-être animal qui va derrière pour la meilleure qualité des produits. Force est de constater que nos exploitations sont fragiles au regard de ce virus. Toutes les mesures prises servent à limiter la diffusion du virus. Aujourd'hui, on voit que ce virus bouge, il est aéroporté. Donc, on sait que la météo y est pour quelque chose. Il est très présent dans notre environnement et est très contagieux pour les animaux. C'est très douloureux, traumatisant, pour les producteurs de se séparer de leurs animaux. Maintenant, il faut absolument que nous ayons des réponses parce que la reprise d'activité qui va avoir lieu dans quelques semaines, nous devons la sécuriser au maximum. Et nous ne pouvons pas nous permettre humainement et économiquement sans arrêt des crises à répétition.
La vaccination serait-elle une solution ?
Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on est arrivé un peu aux limites de ce que nous pouvions faire, même si tout est perfectible. Et il faut nous donner les moyens et nous accompagner à travers d'autres solutions. La vaccination est une piste de travail. Nous l'avions demandée depuis très longtemps.
"La vaccination avait été rejetée par les autorités sanitaires il y a trois ans. Elle est à l'étude. Il y aura des essais prochainement."
Marie-Hélène Cazaubon, présidente de la chambre d’agriculture des Landesà franceinfo
Effectivement, nous attendons beaucoup de cette solution. Maintenant, il va falloir prouver son efficacité. Ce sera toujours en complément des mesures déjà prises. Ce ne sera jamais pour remplacer ce que nous faisons déjà. C'est vraiment un plus. C'est l'accumulation de tous les efforts conduits. Nous attendons aussi vraiment que les scientifiques travaillent vite et bien sur ce sujet-là pour nous apporter aussi des réponses et que cela puisse être la solution à ce que nous traversons.
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