Sécheresse : dans le Béarn, des agriculteurs doivent se résoudre à faire une croix sur une partie de leur récolte
Les Pyrénées-Atlantiques font partie des départements placés en alerte face à la sécheresse, avec de lourdes conséquences pour les agriculteurs. Dans le Béarn, certains d'entre eux voient le rendement de leurs cultures s'écrouler.
"Les feuilles sont grillées par le soleil", constate Jean-Marc Lacurte en marchant dans ses champs. Comme de nombreux agriculteurs béarnais, cet exploitant installé à Gurs (Pyrénées-Atlantiques), craint cette nouvelle vague de chaleur, la troisième depuis juin, qui devrait arriver dans le sud-ouest mardi 2 août. Depuis le 26 juillet, la préfecture impose des restrictions drastiques en interdisant les prélèvements d'eau notamment à des fins agricoles dans six bassins des Pyrénées-Atlantiques.
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50 % de maïs en moins
La pluie qui ne tombe pas, des feuilles jaunies, Jean-Marc Lacurte se désole de voir une partie de son champ de maïs dans cet état. "Ces températures caniculaires accentuent une chaleur qui a commencé au mois de mai, puisqu'ici on est dans un coin où au mois de mai, on n'a quasiment pas eu de pluie", explique l'agriculteur de 59 ans. "En juin, on a eu 30 mm salvateurs du ciel. Après, ça a été de nouveau la canicule et le mois de juillet quasiment rien du tout", constate-t-il, amer.
En raison des restrictions d’eau imposées par la préfecture, il ne peut plus irriguer ses champs en puisant dans le cours d’eau du Lausset. Pour éviter la catastrophe, il arrose ses parcelles grâce au lac artificiel créé il y a des années près de ses terres. Une eau qu’il partage avec son voisin agriculteur. Ils se limitent à 15 000 mètres cubes d’eau chacun leur tour mais malgré cela il s’attend à 50% de baisse de son rendement.
"Cette année, c'est la double sentence. On a payé des intrants, des semences, des produits phytosanitaires et le carburant à un prix exorbitant."
Jean-Marc Lacurte, agriculteur dans le Béarnà franceifo
L'agriculteur de Gurs fait le bilan, "et si derrière vous récolter 50 % de maïs en moins, vous faites le calcul ? ça va être très, très difficile", poursuit-il.
Stocker l'eau
Guy Estrade, président des agriculteurs irrigants des Pyrénées-Atlantiques, s'alarme aussi de ce déficit hydrique, "rarement vu", selon lui. Sur les 300 000 hectares de terres agricoles que compte le département, deux tiers des cultures sont menacées par ce manque d’eau. Et pourtant il existe une solution pour ne plus subir ces épisodes de fortes chaleurs s’agace Guy Estrade : il suffit de la stocker. Pourtant, le dernier réservoir sorti de terre est celui de Gabas, entre Pau et Tarbes, en 2000, "sauf que le climat a changé", glisse Guy Estrade. "À l'époque, poursuit le président des agriculteurs irrigants, on aurait pu faire des ouvrages en tête de bassin. Mais il y a eu des débats [...] avec un certain nombre d'idéologues qui se sont opposés à toute construction d'ouvrage de stockage".
"Aujourd'hui, si on ne stock pas de l'eau, il n'y a pas de solution. Quand l'eau est passée, c'est fini et c'est malheureux."
Guy Estrade, président des agriculteurs irrigants des Pyrénées-Atlantiquesà franceinfo
Guy Estrade en veut à ceux qui se sont opposés à ces projets de construction de réservoir : "On ne les entend pas ces temps-ci. Ils ne viennent pas dans les champs, ils ne viennent pas nous aider, mais on aurait besoin d'écouter au moins la raison ! Il y a un projet d'aménagement du territoire qu'il faut repenser". Selon lui, l'urgence est là, non seulement pour les céréaliers mais également pour les éleveurs de la région. Le manque d’eau aussi des conséquences pour eux. Dans les prairies des Pyrénées, les pâtures sont sèches et le niveau des ruisseaux pose des problèmes pour remplir les abreuvoirs des animaux dans les montagnes.
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