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Sécheresse : "Depuis quelques années, nous voyons bien les conflits d'usage de l'eau augmenter", alerte une députée écologiste

Frédérique Tuffnell, rapporteure de la mission d'information sur la gestion des conflits d'usage en situation de pénurie d'eau, défend la mise en place de bonus financier notamment pour les agriculteurs qui s'engageraient à réduire leur consommation.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les agriculteurs sont confrontés à une sécheresse depuis le début du printemps et l'été ne s'annonce pas beaucopup plus humide. (NICOLAS BLANZAT / FRANCE-BLEU LIMOUSIN)

Un risque de sécheresse touche de nombreuses régions en France. Il n'a pas beaucoup plu depuis le début du printemps et cela se ressent dans les nappes phréatiques. C'est dans ce contexte de stress hydrique qu'un rapport parlementaire a été rendu jeudi 4 juin pour faire des propositions sur le partage de l'eau en France.

"Depuis quelques années, nous voyons bien des conflits d'usage de l'eau augmenter", a expliqué, vendredi 5 juin sur franceinfo, Frédérique Tuffnell, députée de Charente-Maritime du groupe Écologie démocratie solidarité, et membre de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. "On exacerbe les tensions à partir du moment où on n'est pas d'accord sur la quantité de volume prélevable et la quantité de la ressource en eau", précise la rapporteure de la mission d'information sur la gestion des conflits d'usage en situation de pénurie d'eau. Frédérique Tuffnell souligne par ailleurs que la mission parlementaire propose une tarification de l'eau "qui soit progressive" et "sociale".

franceinfo : Quand on parle de conflits d'usage, de guerre de l'eau, de quoi parle-t-on ?

Frédérique Tuffnell : On a des constats réels chaque année. Nos acquifères (nappe d'eau souterraine) sont déséquilibrés. On a des périodes de fortes précipitations qui provoquent des catastrophes naturelles, et puis aussi des sécheresses. Les conséquences sont parfois terribles en matière de gestion de l'eau pour les milieux, mais aussi pour les différents usages. Et depuis quelques années, nous voyons bien des conflits d'usage de l'eau augmenter. Il faut savoir que l'alimentation en eau potable reste bien sûr la priorité, comme la salubrité, la santé, la sécurité civile. Mais les autres usages comme l'agriculture, l'industrie, les activités piscicoles ou conchylicoles ou les activités de loisirs, l'environnement lui-même, ont besoin d'eau. Et celles-ci ne sont pas hiérarchisées dans le droit et doivent être conciliées.

En général, ça se passe en justice ou c'est la loi du plus fort ?

À partir du moment où on laisse le conflit s'enliser, ça se termine directement par la judiciarisation. Nous sommes aussi allés sur sites, par exemple, dans les Deux-Sèvres, où il y a la question des réserves de substitution, ou même à Vittel avec la question des embouteilleurs. On voit bien qu'à un moment donné, on exacerbe les tensions à partir du moment où on n'est pas d'accord sur le préalable, c'est-à-dire la quantité de volume prélevable et la quantité de la ressource en eau.

Vous proposez également de récompenser ceux qui prélèvent moins d'eau ou ceux qui consomment moins d'eau. Par un bonus financier ?

Oui. C'est ce que nous appelons les paiements pour services environnementaux qui nous paraissent vraiment essentiels parce qu'ils récompensent ou rémunèrent des pratiques beaucoup plus vertueuses pour l'environnement. On parle de résilience des territoires. Mais il faut savoir ce que ça veut dire. Il faut une adaptation des pratiques agricoles qui correspondent à des solutions fondées sur la nature, comme par exemple la plantation des haies et l'ensemble des pratiques agroécologiques.

Cela peut être un agriculteur qui s'engage sur une période d'un an à consommer moins d'eau que d'habitude et qui recevrait de l'argent en échange ?

Oui, exactement. Cet argent, en échange, serait géré par les Agences de l'eau. Aujourd'hui, elles ont la possibilité de le faire, mais elles ont des fonds pratiquement limités. Mais nous, on a essayé vraiment de monter l'ambition en disant qu'il faut absolument qu'on prenne ces questions de la ressource en eau, parce qu'elle est oubliée aujourd'hui dans nos politiques publiques. Parce que quand on parle de relocalisation d'industries, n'oublions pas que l'on a besoin d'eau. Et sans eau, on n'y arrivera pas. Nous sommes aussi sur une question de la tarification de l'eau qui me paraît essentielle. Parce qu'on peut mettre en place une tarification qui soit progressive en fonction du volume consommé, et une tarification sociale pour ceux qui ont moins la capacité de pouvoir payer ces redevances.

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