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Sécheresse : il faut adapter l'élevage à ce qui "sera la norme dans 25 ans", avance un climatologue

Invité sur franceinfo vendredi, le climatologue Serge Zaka est revenu sur la nécessité d'adapter les pratiques de l'élevage et de la consommation de la viande aux nouvelles conditions climatiques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un pâturage de la ferme du Kohlschlag dans le Haut-Rhin, le 28 juillet 2022. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Les mois de juin et juillet ont été parmi les plus chauds et les plus secs jamais enregistrés en France, soit une année "pic, pour l'instant, mais ce sera la norme dans 25 ans", a noté le climatologue Serge Zaka sur franceinfo vendredi 12 août. Avec des été plus secs et des hivers plus humides, il pointe notamment la nécessité de faire de plus en plus de stocks pour les éleveurs afin de mieux appréhender les périodes de sécheresse.

franceinfo : Quelles sont les conséquences de la sécheresse pour les éleveurs aujourd'hui ?

Serge Zaka : Lorsqu'on regarde des images satellites, c'est très parlant : toute la France est en jaune. Ce ne sont pas des champs de blé mais les pâtures brûlées par le soleil. On était à moins 21% de fourrage sur l'année au 21 juillet, maintenant c'est moins 30%. On espère que le retour de la pluie permettra de limiter cette sécheresse qui a déjà des conséquences économiques irrattrapables. 2022 ne sera pas l'année type du jour au lendemain : ce sera progressif et on pourra s'adapter. Les conséquences économiques d'une année type 2022 sont celles moyennes qu'on aura probablement en 2040-2050. 2022 est un pic pour l'instant, ce sera la norme dans 25 ans. Nous avons ce temps pour réadapter toute la filière d'ici là.

Comment s'adapter ?

Une conséquence du changement climatique pointée du doigt par de très nombreux spécialistes est qu'avec les hivers plus doux et humides, la production de fourrage sera très importante au printemps, lorsqu'il y aura de l'eau et que le temps sera doux. Mais cette production va très rapidement diminuer à l'été. Ça signifie plus de stocks à gérer en sortie du printemps pour pouvoir nourrir les bêtes jusqu'à la sortie de l'hiver suivant. C'est ce qu'on observe cette année : il y a des problèmes de stocks de fourrage qui ne suffisent pas. Les éleveurs devront s'habituer à faire et à gérer des stocks.

On parle de réduire notre consommation de viande, c'est la solution ?

Les climatologues pointent la nécessité de réduire la consommation de viande pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la filière agricole. 50% de nos assiettes correspondent à la viande, et c'est la partie qu'on peut diminuer le plus facilement : il faudrait en manger deux ou trois fois moins. Il ne faut pas, cependant, détruire toute la filière de production de viande. Je préconise au consommateur d'acheter français : les élevages français émettent quatre fois moins de gaz à effet de serre que la moyenne mondiale, et sont de meilleure qualité. Pour le même budget, on a donc moins de viande mais de la meilleure. En France, nous avons des exploitations qui ne font pas la taille des élevages argentins ou américains, nous sommes sur une agriculture à taille raisonnée, plutôt familiale.

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