Un Brexit sans accord laisserait-il vraiment la moitié des pêcheurs français à quai ?
Au lendemain de la perte de la majorité pour le Premier ministre britannique Boris Johnson à la Chambre des communes, la France estime qu'un Brexit sans accord représenterait, aujourd'hui, le scénario le plus probable.
Alors que la question du Brexit continue d'agiter le Parlement britannique, la France continue d'envisager les conséquences qu'aurait une sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni sans accord avec Bruxelles. A écouter François-Xavier Bellamy, députée européen LR, mercredi 4 septembre sur RTL, 50% des pêcheurs français resteraient à quai en cas de Brexit dur.
Non, seulement 30% des pêcheurs français qui seraient touchés
Grâce aux règles européennes en vigueur depuis les années 70, la France est libre d'aller pêcher dans les eaux britanniques. D'ailleurs elle ne s'en prive pas, même si un système de quotas existe. Au total, la France va chercher dans les eaux britanniques quelque 170 000 tonnes de poissons par an. Ce qui représente 30% de sa pêche totale, d'après le comité national des pêches maritimes et des élevages marins. Cela représente 30% en moyenne, mais ce chiffre monte à 50% pour la Bretagne, première région de pêche en France. Il atteint même 75% pour les Hauts-de-France, avec notamment le port de Boulogne-sur-Mer, à seulement une vingtaine de kilomètres des eaux britanniques.
Que représenterait un Brexit dur pour les pêcheurs français ? Difficile de le savoir avec précision. Ce qui est sûr, c'est que Teresa May avait tenté en janvier, lors de l'accord négocié avec Bruxelles, de proposer des solutions pour l'après-Brexit. Un texte qui maintiendrait, au moins pendant un temps, les conditions actuelles d'accès aux eaux territoriales des Etats membres et des limites de pêche. Le temps de négocier l'an prochain un nouvel accord.
Ça, c'était donc en cas de sortie de l'UE négociée. Sans accord avec les Etats membres, en cas de "no deal", et donc de Brexit dur, le Royaume-Uni pourra de façon unilatérale bloquer l'accès à ses eaux à tous les pêcheurs européens. Toute pêche sur son territoire sera soumise à autorisation préalable. Mais c'est seulement en cas d'interdiction totale de la pêche que 30% (et non 50%) des pêcheurs français resteraient à quai.
Non, des directives européennes d'aide aux pêcheurs ont déjà été adoptées
Il faut aussi souligner que la commission européenne a déjà réfléchi à ce scénario de "hard Brexit". Et même adopté deux mesures d'urgence en début d'année.
La première a pour objectif de permettre aux pêcheurs des États membres de recevoir une compensation au titre du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche pour l'arrêt temporaire des activités de pêche.
La deuxième modifie le règlement relatif à la gestion durable des flottes externes. En clair : elle vise à accorder l'accès aux eaux de l'Union aux navires du Royaume-Uni jusqu'à la fin de l'année 2019, à condition que les navires de l'Union bénéficient aussi d'un accès réciproque aux eaux du Royaume-Uni.
Mais la Commission reconnait elle-même que ces mesures d'urgence ne pourront pas atténuer tout à fait les conséquences d'un "no deal", pas plus qu'elles ne reproduiront pleinement les avantages d'une adhésion à l'Union, ni les conditions d'une éventuelle période de transition.
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