: Vidéo Avec "du filet de porc à 4 euros, tu manges de la merde !", un boucher et une végane échangent dans "Envoyé spécial"
Quand un boucher parisien et une végane creusoise abordent le sujet de l'élevage intensif... Pour "Envoyé spécial", ils ont accepté de se rencontrer et de dialoguer. Mais il est arrivé que le ton monte un peu.
En juin 2019, Karine était en tête d'une manifestation pour la fermeture des abattoirs. Romain, lui, a vu sa boucherie vandalisée par des activistes. Pour "Envoyé spécial", ils ont accepté de passer quarante-huit heures ensemble et de relever un défi : prendre le temps de s'écouter. Dans cet extrait, c'est Karine qui a concocté le programme de la journée. En route vers sa "maison végane" en Creuse, elle décide d'expliquer sa démarche au boucher parisien, chiffres à l'appui.
L'immense majorité des animaux que nous mangeons sont issus d'une production intensive où ils sont entassés, souvent sans même assez d'espace pour se retourner : 100% des cailles pondeuses, 99% des lapins, 97% des dindes, 95% des cochons, 83% des poulets, 63% des poules pondeuses, 60% des chèvres… Ces chiffres, que cite Karine, sont exacts... et l'intensification de l'élevage ne fait que se poursuivre. Selon l'ONG Greenpeace, la France compte 4 413 fermes-usines. Rien que dans sa région, Karine a manifesté ces derniers mois contre trois projets.
"Tu condamnes le mec qui produit ; moi, je condamne aussi le consommateur"
Ce qui a décidé la jeune femme à militer, ce sont des vidéos tournées à l'intérieur de ces élevages. On y voit des porcelets dont les dents sont meulées et la queue coupée – pour éviter le cannibalisme. Pour elle, impossible de "cautionner cette forme de production" : "Comment on peut accepter de consommer une viande d'animaux (...) qu'on oblige à se manger entre eux ? Comment on peut se dire 'je vais m'acheter une côte de porc pas chère', parce qu'on aura cautionné cet élevage-là ?"
Romain, lui, ne travaille pas de cette façon. Il "valorise la viande 'bien élevée'". Mais contrairement à Karine qui "condamne cette forme de production et veu[t] éduquer le consommateur", Romain se met en colère contre ceux "qui sont capables d'acheter" cette viande : "On achète des filets de porc à 4 euros ! Tu manges de la merde, il faut quand même percuter ! Que ce soit le mec qui produit ou le mec qui l'achète... Toi, tu condamnes le mec qui produit ; moi, je condamne aussi le consommateur."
Extrait de "Avec ou sans viande", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 7 novembre 2019.
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