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Vidéo Néonicotinoïdes en passe d'être réautorisés : le référent biodiversité des députés LREM refuse d'ouvrir "la boîte de Pandore"

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Article rédigé par franceinfo
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S'il "salue l'action du gouvernement" et ne remet pas en cause son appartenance à la majorité, Jean-Charles Colas-Roy estime que les avancées sur l'encadrement du texte sont "trop minimes par rapport à l'enjeu que représente le fait de revenir sur cette loi biodiversité". 

L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de lundi à mardi, la disposition-clé du projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière betterave. Le vote solennel sur l'ensemble du projet de loi, aura lieu mardi 6 octobre dans l'après-midi. Une affaire qui fait débat au sein même de la majorité. Le député de l'Isère Jean-Charles Colas-Roy, qui est le référent à la transition écologique des députés LREM, ne votera pas ce projet, il refuse "que nous ouvrions la boîte de Pandore", a-t-il indiqué mardi matin sur franceinfo.

franceinfo : Vous n'allez pas voter ce projet, pourquoi ?  

Jean-Charles Colas-Roy : Je pense que cela part d'une bonne intention de vouloir aider la filière betterave qui est durement touchée par la jaunisse de la betterave propagée par les pucerons. Il est nécessaire d'aider cette filière agricole, la filière du sucre.

Mais je pense que ce n'est pas la bonne solution que de revenir sur la loi biodiversité, qui était une avancée environnementale majeure. Je pense qu'il y avait d'autres solutions. 

Jean-Charles Colas-Roy, député LREM de l'Isère

à franceinfo

Nous avons étudié le texte toute cette nuit, jusqu'à deux heures et quart. Nous étions certains à les proposer, y compris lorsque nous avons étudié le texte en commission développement durable et en commission des affaires économiques. Des indemnisations ciblées, par exemple, ou des systèmes assurantiels. Ça peut exister dans d'autres pays où, effectivement, les bonnes années, les pouvoirs publics, l'État, les agriculteurs, la filière sucrière mettent de côté pour pouvoir indemniser, d'une part, quand il y a des aléas climatiques ou une attaque de ravageurs. Et puis aussi, investir plus massivement dans la recherche d'alternative à ces néonicotinoïdes qui sont des phytosanitaires, des insecticides très puissants et très nocifs. 

Autoriser à nouveau les néonicotinoïdes. Pour vous, c'est un renoncement écologique de la part de l'exécutif ?  

Je ne fais pas de procès d'intention et effectivement, la majorité souhaite accompagner au mieux la filière. Mais la loi biodiversité en 2016 était une avancée majeure. Et moi, je ne souhaite pas que nous ouvrions la boîte de Pandore et que nous donnions l'envie ou l'exemple à d'autres filières de pouvoir se dire :  "Mais finalement, dans 4 ou 5 ans, si jamais il y a une saison qui est mauvaise", parce que là, on parle d'une seule saison pour les betteraviers, "nous pourrons tout d'un coup redemander l'autorisation d'insecticides puissants ou nocifs". Je pense qu'il faut en ce moment particulièrement renforcer notre crédibilité et ne pas revenir sur des avancées majeures. La loi de 2016 en était une, parce qu'on a aussi des annonces très fortes à faire en terme de transition écologique. Sur le plan de relance, c'est 30 milliards d'euros qui sont mis sur la table sur les 100 milliards du plan de relance pour le verdissement de l'économie. Nous avons dans ce projet de loi de finances énormément d'avancées sur la rénovation des bâtiments, sur un plan hydrogène, sur tout ce que nous faisons sur la transition vers le véhicule électrique.

Au moment où nous avons besoin de renforcer notre crédibilité, ne venons pas envoyer des signaux contradictoires. 

Jean-Charles Colas-Roy

Quand vous entendez des appels à ne pas voter ce projet de loi, notamment de la part de Nicolas Hulot ou de Matthieu Orphelin, est ce que vous entendez aussi un appel à prendre vos distances avec la République en marche ?  

Non, pas du tout. Parce moi, je suis très à l'aise dans la République en marche et c'est aussi notre force de pouvoir avoir des débats en interne, de pouvoir exprimer des positions différentes. Je salue l'action du gouvernement et de la majorité qui ont essayé d'encadrer ce texte, de mettre un comité de suivi. Mais pour moi, ces avancées, elles étaient trop minimes par rapport à l'enjeu que représente le fait de revenir sur cette loi biodiversité. Un symbole très fort, une avancée en 2016 qui avait laissé le temps aussi aux filières de s'adapter. Il y a une spécificité, il faut aider les agriculteurs, mais pas en revenant sur cette loi.

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