Flash-ball : il faut "annoncer clairement aux manifestants qu'ils s'exposent aux violences légitimes des forces de l’ordre"
Pour Unité-SGP Police FO, les lanceurs de balles de défense ne peuvent pas être interdites en France. "Qu'est ce qui va nous rester ?" demande le syndicat qui réclame, plutôt, des lois contre ceux qui ne veulent pas se disperser dans les manifestations violentes.
"Si on n’a pas cet armement intermédiaire" de lanceurs de balles de défense (LBD), "qu’est ce qui va nous rester ?", s’interroge sur franceinfo jeudi 17 janvier Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP Police FO, après la demande du Défenseur des droits de suspendre l’usage de ces armes en raison de leur "dangerosité".
Le syndicaliste dénonce un manque de moyens global de la police face au mouvement des "gilets jaunes". Certains policiers ont dû, selon lui, aller sur le terrain "sans casque, sans jambière" et "ont dû aller s’équiper dans des magasins de sports de protège-tibias de football, ou pour d’autres de casques de roller", affirme-t-il.
franceinfo : Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, dénonce l’emploi du lanceur de balles de défense (LBD) par les policiers et les gendarmes, que répondez-vous ?
Yves Lefebvre : Je réponds simplement à tous ces pseudo bien-pensants que si on n’a pas cet armement intermédiaire, cet armement non létal, qu’est-ce qui va nous rester ? L’armement létal, l’arme de poing ou l’armement collectif, appelé fusil d’assaut ? Il faut que nous ayons ces lanceurs de balles de défense. J’aurais préféré que Jacques Toubon demande au ministère de l’Intérieur de faire un moratoire sur le manque de spécialisation, ou sur le problème qui a été le nôtre depuis au moins l’acte 2 des "gilets jaunes", c’est-à -dire la nécessité d’avoir beaucoup de policiers sur le terrain, mais sans avoir la spécialisation adéquate. Il y a des gens dans les unités spécialisées qui sont particulièrement formés pour les avoir, les CRS, les compagnies d’intervention et les Bacs. Mais quand on doit pallier le manque d’effectif et qu’il faut beaucoup de flics sur le terrain, il faut équiper de LBD des gens qui n’ont pas l’habitude de cette utilisation.
De même, le CRS est équipé, protégé de par ses équipements de dotation. Mais, on a envoyé du personnel sur le terrain, sans casque, sans avoir de jambières. Ils ont dû aller s’équiper dans des magasins de sports de protège-tibias de football, ou pour d’autres de casques de roller.
Ce n’est pas forcément un discours anti-policier de dire que l'utilisation des LBD pose question ?
Dès lors qu’on donne les sommations, pour dire que la force publique légitime va être mise en place pour disperser les casseurs ou les manifestations, il faut qu’on puisse légiférer pour que la responsabilité civile, individuelle, des personnes qui ne veulent pas s’écarter, puisse être engagée. Les décideurs auraient dû annoncer clairement aux manifestants, après sommation, qu'ils s'exposent aux violences légitimes des forces de l’ordre et l’emploi des balles de défense.
Tous les policiers sont-ils conscients des dégâts que peuvent provoquer ces armes ?
Bien évidemment, notamment ces derniers jours. Les images sont parfois parlantes. Il y a des blessés. Mais dans quelle situation ? Et à quel moment ? Mais derrière chaque flic, il y a un homme ou une femme qui atteint, à un moment donné, un état de fatigue sans commune mesure avec ce que peut connaître le commun des mortels.
Le directeur général de la police nationale Eric Morvan a envoyé un mémo pour rappeler les règles d’utilisation… Cela veut quand même dire quelque chose ?
On n’a jamais été en capacité de se préparer à un conflit social, comme on le connaît depuis le 17 novembre. La police nationale est obligée de réagir, parce qu’on n’a pas prévu en équipements, en formations, en spécialisations. Il faudrait aujourd’hui qu’on dispose de 1 000 CRS supplémentaires.
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