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Plus de 400 milliards d'euros dans la loi de programmation militaire : "On dépense juste ce qui est nécessaire", assure l'amiral Alain Coldefy

"Nous sommes dans un environnement dangereux, on le voit tous les jours", avance l'ex-commandant du porte-avion Clémenceau qui justifie les dépenses prévues pour le budget de l'Armée.
Article rédigé par franceinfo
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Sébastien Lecornu, ministre des Armées, le 27 mars 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"On dépense juste ce qui est nécessaire", réagit dimanche 2 avril sur franceinfo l'amiral Alain Coldefy, ancien inspecteur général des Armées et ex-commandant du porte-avions Clémenceau. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a commencé à détailler la prochaine loi de programmation militaire qui sera dévoilée en totalité mardi en Conseil des ministres. Cette loi comprend notamment un budget de 413 milliards d'euros pour l'armée sur les sept prochaines années, avec notamment la construction d'un nouveau porte-avions nucléaire.

Une somme impressionnante qui est critiquée par une partie de l'opposition de gauche. Des commentaires "infondés", juge l'amiral.

"Nous sommes dans une situation de plus en plus dangereuse, nous avons vécu trente ans d'une pseudo paix avec des gens qui croyaient qu'après la chute du Mur [de Berlin], la guerre était définitivement terminée."

Amiral Alain Coldefy, ancien inspecteur général des Armées

à franceinfo

"Nous les militaires, les diplomates, les personnes en responsabilité, nous savions que ce n'était pas le cas", regrette l'ancien inspecteur général des Armées. Pour preuve, avance le militaire, l'invasion russe en Ukraine le 24 février 2022. "Ils ont commencé à frapper les populations civiles, les hôpitaux, les maternités… Donc, nous sommes dans un environnement dangereux, on le voit tous les jours", alerte-t-il. "Il est temps, ensemble avec les Européens, de remettre notre outil militaire de défense et de protection de nos concitoyens un peu à jour", martèle l'expert militaire.

La question de l'utilité d'un nouveau porte-avions "ne se pose pas"

La France est déjà dotée d'un porte-avions nucléaire, avec le Charles De Gaulle, d'un avion d'élite avec le Rafale et d'un char d'attaque, avec le Leclerc. Mais pour l'amiral Alain Coldefy cela ne suffit pas. "Nous avons besoin de davantage d'équipement", assure-t-il. "À la chute du Mur, il y avait un programme de 1 200 chars, et actuellement on en a 200", déplore-t-il, soulignant que de nombreux régiments ont été également fermés. La France a donc "besoin de retrouver la quantité" mais aussi "de s'adapter aux nouvelles menaces", l'amiral énumérant "le cyber, l'espace et la mer". "Tous ces espaces, sont des nouveaux espaces de confrontation et notre posture générale de défense, elle doit être confortée dans tous ces domaines", précise le militaire.

Quant à la question de se doter d'un nouveau porte-avions nucléaire, elle ne se pose pas, selon l'ancien inspecteur général des Armées. Le principal atout du "PA-NG"(porte-avions de nouvelle génération) sera son autonomie en mer, bien plus importante qu'un navire de guerre classique. Sa construction doit débuter en 2025 et son prix s'élèvera à plus de 10 milliards d'euros.

Ses détracteurs y voient une cible pour nos ennemis. Argument balayé par l'amiral Alain Coldefy. "Si c'était une cible et un outil obsolète, on se demande pourquoi le monde entier se dote de porte-avion ? À moins qu'on soit entouré d'imbéciles, je trouve que le porte-avions, c'est un outil de puissance, qui se déplace dans les eaux internationales, qui porte le fer, la puissance là où le gouvernement décide de la porter", assure-t-il. "Tous les analystes et tous les stratèges du monde entier éprouvent le besoin de porte-avions", conclut l'amiral.

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