Préparation du 14-Juillet : rencontre avec un pilote d'hélicoptère des forces spéciales françaises, lors d'un exercice en Côte d'Ivoire
Cinq hélicoptères survoleront Paris et les Champs-Élysées en particulier, mercredi 9 juin. Des militaires réaliseront ce qu'ils appellent "la reconnaissance des axes", en vue du défilé aérien du 14-Juillet, auquel 25 appareils participeront.
Les hélicoptères, en nombre encore insuffisant en France, sont devenus indispensables, notamment au Sahel dans la lutte contre les mouvements jihadistes. En Côte d'Ivoire, le 4e régiment d'hélicoptère des forces spéciales organise des exercices.
L'hélicoptère que pilotera quelques heures plus tard le lieutenant Darius est quasiment deux fois plus vieux que lui : la Gazelle a fait son premier vol en 1967 ; Darius lui, est né en 1993. "C'est un vieil appareil mais qui a également son charme par sa taille, sa maniabilité, qui m'a toujours fait rêver. C'est une chance de piloter cet hélicopère".
Des vols nocturnes pour mieux cerner le terrain
Le bruit du rotor de la Gazelle et celui de sa mitrailleuse, capable de tirer 50 cartouches à la seconde, saturent la nuit ivoirienne. Dans le cockpit, Darius, jumelles de vision nocturne abaissées, balaie le paysage de gauche à droite, parce que ces jumelles rétrécissent son champ de vision. La vision de nuit, c'est un halo verdâtre qui aplanit les reliefs. "On crée une bibliothèque d'images à force de voler de nuit. Au fur et à mesure on sait que telle silhouette c'est un arbre d'une certaine hauteur. Un lac, au début, on aura l'impression que c'est un sol qui va être peut-être en terre, mais au fur et à mesure on va se dire, non c'est un lac".
"Le cerveau va enregistrer l'image, va créer cette bibliothèque, l'élargir, et nous donner plus de confort intellectuel pour le vol de nuit".
Lieutenant Dariusà franceinfo
Preuve, s'il en était besoin, de l'extrême dangerosité de cette navigation nocturne, le 25 novembre 2019 deux hélicoptères de la force Barkhane se sont percutés lors d'une mission de nuit au Mali. 13 soldats sont morts dans cette collision. "On peut avoir un accident de la route aussi", relativise le jeune lieutenant.
Ce qu'il voit lui, c'est son rôle, celui d'un ange gardien des commandos au sol. "Quand vous êtes en appui d'un groupe au sol, on va quand même avoir des vies en jeu et c'est des sentiments que l'on connaît peu ou pas dans la vie civile". La mort ? "Moi je l'accepte", répond Darius.
Darius n'a jamais voulu faire autre chose que ce qu'il fait aujourd'hui. Quand il parle pilotage pour les forces spéciales, il répète l'expression "pousser les curseurs", dans la technicité, la recherche de performances et le goût de l'effort. Puis, il sourit et déclare : "Ce n'est pas un sport de masse".
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