: Reportage "Ça fait voir que la France est armée" : à l'usine Caesar à Bourges, on est fier de voir le canon livré à l'Ukraine
Secret défense oblige, on ne connaîtra pas la composition exacte de l’alliage d’acier dans lequel le canon est forgé. Dans cette usine de Bourges, les photos sont strictement contrôlées. On ne peut pas non plus photographier les stries de l’intérieur du fut qui assurent la précision du tir. Dans cette usine de l'entreprise franco-allemande Nexter, on est fier de produire le célèbre canon Caesar livré récemment à l'Ukraine.
Pour Stéphane, le directeur de la production, ce canon de très gros calibre (155 mm) monté sur un camion de moins de 18 tonnes est une référence dans le combat au sol. "Une des forces du Caesar, indépendamment de sa mobilité, c'est aussi son poids." Il montre le chariot, sur lequel repose le canon, le tapote : il sonne creux. "Ce type de pièce-là va encaisser de l'ordre de 90 tonnes sur une poussée de tir. Nous sommes sur des pièces de structure mécanique majeures, mais qui sont creuses." Cette légèreté permet au Caesar de tirer six obus de 50 kilos en moins d'une minute et de quitter les lieux avant d'être repéré.
Autre surprise, cet engin, usiné au dixième de millimètre, est une arme "rustique", un terme revendiqué par le porte-parole de Nexter, Alexandre Dupuy : "Le Caesar est rustique. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de technologie, notamment dans la façon de le produire. En revanche, dans la façon de le soutenir, c'est assez simple. Et d'ailleurs, les Ukrainiens entretiennent eux-mêmes les canons dont ils disposent."
"Les Ukrainiens arrivent à bien utiliser les canons Caesar, là où d'autres systèmes se révèlent plus compliqués et peuvent donc présenter un taux de panne supérieur."
Alexandre Dupuy, porte-parole de Nexterà franceinfo
La guerre en Ukraine a fait bondir les commandes. Il a fallu accélérer les cadences de production. L'usine de Bourges en produisait de deux à quatre par mois. À la fin 2023, l'usine sortira huit canons par mois. Il a fallu passer les chaînes de production en trois huit et l'entreprise a embauché des soudeurs. Sur le site, la chaîne de production fonctionne désormais 24 heures sur 24. "Je fais toutes les soudures sur les glissières. C'est des soudures assez contrôlées, avec des contrôles très précis, comme des radios, note Louis, soudeur récemment embauché. Tout le monde n'est pas capable de faire ces soudures."
Ce travail demande une grande précision. À la fin de la production, Olivier vérifie le montage final du canon. "Je vois ça comme un produit. C'est sûr que quand je les vois tirer, je suis content, je vois que le produit qu'on a fabriqué fonctionne. Il perdure et il tient. C'est sûr qu'on préfère quand même que ce soit pour défendre que pour attaquer. Et puis ça fait voir que la France est armée, sait se défendre et saura quoi faire s'il y a des problèmes."
L'armée française devrait retrouver après les prochaines livraisons sa dotation habituelle de canons Caesar. Quant à l'armée ukrainienne, elle pourra, si nécessaire, en aligner une cinquantaine dans les prochains mois.
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