Sécurité : l'annonce de la création de 8 500 postes de policiers et gendarmes "va dans le bon sens", selon un syndicaliste policier
Cette augmentation d'effectifs engendrera aussi plus de travail pour la justice selon la CFDT, qui appelle à "alléger la procédure pénale".
"Ce sont des mesures et des annonces qui vont dans le bon sens", a déclaré mercredi 7 septembre sur franceinfo Christophe Rouget, secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure CFDT, à propos du projet de loi d’orientation et de programmation (Lopmi) du ministère de l’Intérieur présenté en Conseil des ministres. Ce texte permettra notamment de renforcer les effectifs des forces de l’ordre : 8 500 postes de policiers et gendarmes vont être créés en cinq ans en France dont 3 000 dès 2023. Le syndicaliste appelle toutefois à "alléger drastiquement la procédure pénale" car "les policiers travaillent dans le vide" si "la justice ne peut pas taper vite et fort".
franceinfo : 8 500 postes de policiers et gendarmes de plus d'ici cinq ans, dont 3 000 dès l'an prochain. Ces effectifs sont-ils nécessaires ?
Christophe Rouget : Ce sont des mesures et des annonces qui vont dans le bon sens, notamment dans un contexte où nous avons aujourd’hui une réforme de la police nationale qui prévoit de placer tous les services de police dans un département sous l'autorité d'un seul directeur départemental dépendant du préfet. Cette réforme est très anxiogène, génère de la grogne et a été mal préparée, mal ficelée. Nous attendons que le ministre de l'Intérieur amende cette réforme pour permettre à nos collègues de la police judiciaire de travailler sur tout le spectre de la délinquance partout sur le territoire, au niveau régional, pour être efficace et correspondre à l'attente des Français. Ces effectifs qui arrivent, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant parce qu'aujourd'hui, si vous mettez plus de policiers sur le terrain, vous avez plus d'enquêtes et plus de jugements. Il faut qu'on allège drastiquement la procédure pénale parce que sinon vous avez plus de policiers, plus d'interpellations et si vous avez trop de paperasse à faire et que derrière la justice ne peut pas taper fort et vite, alors les policiers travaillent dans le vide.
1 000 nouveaux policiers seront affectés à Paris pour les Jeux olympiques de 2024. Est-ce qu'il y aura le temps de les former ?
Souvent, dans ce ministère, on a quelque chose qui est compliqué, c'est qu'on a un ministre qui a une grosse volonté politique de faire avancer les choses, d'aller vite. Cependant derrière, on a une machine qui n'arrive pas à suivre. On a des méandres technico-administratifs qui font que les mesures annoncées ne sont pas dans les délais. Pour les Jeux olympiques, il va falloir qu'on recrute, qu'on forme ces personnes-là et on est dans des délais qui sont restreints. Espérons que la machine puisse se mettre en route. Il y a un vrai effort de modernisation à faire dans ce domaine. Lorsque vous êtes au centre du monde, vous pouvez avoir des attaques terroristes ou vous avez des enjeux de délinquance du quotidien qui sont importants. Donc effectivement, c'est un enjeu pour nous tous. On sera tous mobilisés pour assurer la sécurité de ces JO et faire que la France puisse organiser cette grande manifestation dans la meilleure sécurité possible.
Des policiers vont également arriver dans des grandes villes dans les semaines qui viennent. Ces renforts-là seront utiles ?
Évidemment, ils sont utiles parce qu'on a besoin d'enquêteurs. On aura besoin de greffiers de police pour faciliter le travail des enquêteurs. On a besoin de gens qui vont patrouiller et des cyber patrouilleurs. On a besoin de gens qui vont s'occuper de toute la cyber délinquance qui est la délinquance de demain. On voit bien l'évolution de la délinquance vers ces domaines-là. Mais là aussi, si nous avons des patrouilleurs, des enquêteurs, il faut que nous puissions avoir accès aux données téléphoniques. Le cœur de notre action policière, elle est sur le téléphone, sur la data, si on veut réussir. La pierre est dans le camp du ministre de la Justice. Il faut que nous puissions avoir accès à ces données pour être efficaces.
Ce texte, qui a été remanié, met aussi l'accent sur la cyber sécurité avec la moitié de l'enveloppe. Là aussi, il y a urgence ?
Il y a urgence. Je crois que c'est le ministre lui-même qui a dit que nous avons un retard abyssal. Ce retard abyssal se voit dans les services où nous n’avons pas les outils numériques, tout ce qui concerne les interceptions téléphoniques. Il y a une vraie modernisation à faire parce qu'il faut avoir ces outils pour lutter contre la délinquance de demain. Pour une fois, dans le cadre de cette loi de programmation que nous demandions depuis des années, on va pouvoir avoir les moyens, du temps dégagé pour moderniser nos outils et espérons que ça puisse se faire avec efficacité.
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