Ventes d'armes par la France "dans des pays où les victimes sont d'abord des civils" : Amnesty demande un débat au Parlement
Amnesty International estime lundi sur franceinfo qu'il est "absolument scandaleux que ces ventes continuent".
"Il doit y avoir un débat public à travers le Parlement", affirme lundi 23 septembre sur franceinfo Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France. L'ONG lance lundi une nouvelle campagne pour dénoncer les ventes d'armes par la France à des pays qui les utilisent, selon elle, contre les populations.
franceinfo : L'Etat français est-il complice de crimes de guerre ?
Cécile Coudriou : On peut dire ça dans la mesure où le Traité sur le commerce des armes (TCA) n'est pas respecté par la France qui l'a pourtant signé et ratifié. Les ventes d'armes telles que celles faites à l'Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et à l'Egypte sont des ventes illégales. Ce traité stipule, que dès qu'il y a un risque majeur de violation gravissime des droits humains, crimes de guerre ou contre l'humanité, les transferts d'armement doivent cesser. Contrairement à ce qui est dit par Jean-Yves Le Drian, Florence Parly ou Emmanuel Macron, la France continue de vendre des armes dans des pays où les victimes sont d'abord des civils. Le Yémen en est le pire exemple. C'est absolument scandaleux que ces ventes continuent.
Vous dénoncez l'opacité autour de l'utilisation des armes vendues. Qu'en est-il ?
Il y a vraiment un problème d'intimidation des journalistes. Cette campagne qu'on a appelée "Silence, on arme !" a pour objectif de dénoncer ce manque de transparence. Il est inadmissible quand on a signé le TCA d'avoir un pays tel que la France qui ne respecte pas ses engagements. Nous demandons à la France de respecter ses engagements en étant plus transparente et nous demandons un contrôle parlementaire qui est aujourd'hui quasi inexistant. Le rapport annuel fait par le gouvernement français ne permet pas du tout de se rendre compte que les armes qui sont vendues ont de tels résultats dans les pays et notamment sur les civils.
Le Parlement devrait avoir son mot à dire ?
Il doit y avoir un débat public à travers le Parlement, c'est pourquoi cette campagne "Silence, on arme !" est destinée à cibler les députés pour qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils fassent eux-mêmes pression sur le gouvernement pour avoir davantage de moyens pour exercer un contrôle sur ces ventes d'armes. Nous voulons aussi sensibiliser le public. Cette campagne choc est dévoilée en même temps que la fashion week pour faire une campagne qui va opposer le chic de la mode à ce choc de ce qui est fait avec les armes. Les citoyens doivent en être conscients et peuvent nous aider à travers une pétition qui est sur notre site.
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