"Charles Aznavour était beaucoup plus connu dans le monde que Johnny Hallyday et Edith Piaf"
Charles Aznavour a été traduit dans de multiples langues. "Il s'adaptait à chaque pays", explique le spécialiste de la chanson française Bertrand Dicale.
"Il était beaucoup plus connu que Johnny Hallyday et même plus qu'Edith Piaf", raconte Bertrand Dicale, spécialiste chanson française de franceinfo, mardi 2 octobre, au lendemain de la mort de Charles Aznavour, à l'âge de 94 ans. Il revient sur la fièvre Aznavour au-delà de la France.
franceinfo : De quelle manière Charles Aznavour était-il connu à l'étranger ?
Bertrand Dicale : Il était beaucoup plus connu que Johnny Hallyday et même plus qu'Edith Piaf. Aux États-Unis, elle chantait dans deux, trois villes, principalement à New York. Lui, il a fait des tournées qui duraient six mois et qui passaient par cinquante villes. Aznavour est connu à peu près partout dans le monde. Vous allez en Asie, en Amérique latine, en Amérique du Nord, en Europe de l'Est, en Europe du Sud : on connaît Aznavour en français, en anglais, en allemand, en italien...
On dit qu'en Colombie, où Charles Aznavour est très connu, on apprend d'abord la Marseillaise, puis ensuite la Bohême?
Évidemment, parce qu'Aznavour apportait une idée de la France éternelle, séductrice, romantique, romanesque et en plus, il s'adaptait à chaque pays. C'était là qu'était son génie. Il n'enregistrait pas en italien les mêmes chansons qu'il enregistrait en allemand. Il pensait différemment ses concerts aux États-Unis, en Grande-Bretagne, avec des chants en anglais pour s'adapter au public, à la culture du pays.
Il parlait couramment cinq langues, deux ou trois autres en baragouinant, il a sorti une quarantaine d'albums dans d'autres langues qu'en français... Qu'est-ce qui faisait son succès ?
Il était à la fois Aznavour le Français et un chanteur italien, il avait partout des amis, des conseillers, des artistes. Il tenait beaucoup à l'avis des acteurs de cinéma. Quand Harvey Keitel lui disait : "Tiens, c'est cette chanson-là que je préfère", il savait que cette chanson marcherait aux États-Unis. Il a travaillé, travaillé, travaillé... Quand on parle d'Aznavour au Japon, ce n'est pas un concert à Tokyo, c'est une dizaine de tournées, des vraies tournées dans plusieurs villes. Son premier voyage au Japon, c'est trois semaines d'interviews, de rencontres avec des journalistes, des producteurs, sans donner de concerts ailleurs que dans des petits cabarets. Il y avait un investissement promotionnel et journalistique qui était énorme dans chaque pays.
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