Jeux vidéos : avec l'arrivée des clubs de D1 Arkema, FIFA 23 "contribue à créer des modèles féminins pour les nouvelles générations"
Après avoir proposé aux gameurs et gameuses de prendre le contrôle de sélections nationales au féminin, FIFA 23 va plus loin en proposant désormais les clubs des championnats français et anglais.
"Et voilà c'est parti", peut-on entendre au coup d’envoi de la rencontre. Des mots portés par la voix aussi chaleureuse qu’enjouée d’Omar Da Fonseca, bien connue des suiveurs de football, qui accompagne celle du journaliste Benjamin Da Silva. Un duo de commentateurs inédit pour ce FIFA 23, qui sort vendredi 30 septembre, aussi inédit que le jeu qu'ils doivent commenter.
"Macarioooo c'est de la magie", s’emballent-ils quelques secondes plus tard pour saluer les exploits de la Brésilienne Catarina Macario, milieue de terrain de l'Olympique Lyonnais. Cette dernière est modélisée dans le jeu vidéo, au même titre que les internationaux français Kylian Mbappé ou Christopher Nkunku. "Dans chaque club de D1 féminine, cinq ou six joueuses phares ont passé une demi-heure, une heure avec des capteurs partout sur le corps, expose l'ancienne joueuse, Nadia Benmokhtar, aujourd'hui à la tête de la section esport du PSG. Ces capteurs vont ensuite reproduire la silhouette, les attitudes, les expressions de visages de ces joueuses."
Une représentation nécessaire pour créer des vocations
Pour son édition 2023, la simulation de football innove en proposant de jouer désormais avec des clubs féminins - jusqu’à présent seules quelques équipes nationales étaient modélisées. Si pour l'instant seuls deux championnats féminins sont jouables, ceux de France (D1 Arkema) et d'Angleterre, l’ex-joueuse de Juvisy estime qu’il s’agit d’une avancée majeure pour susciter des vocations. "Il y a plus de jeux FIFA vendus que n’importe quel livre, n’importe quel autre jeu vidéo, ça contribue à la création de modèles", poursuit-elle.
"Quand j’étais jeune, je n’avais pas de modèle féminin, on ne les voyait pas. Il ne faut pas minimiser la portée de ce choix, parce que FIFA est le bien culturel le plus vendu en France."
Nadia Benmokhtar, ancienne joueuse et Directrice de la PSG Academyà franceinfo
"Dans les prochaines générations, tout le monde saura qui est Amandine Henry grâce à des supports comme FIFA", poursuit-elle.
FIFA 23 est le dernier exemple d'un mouvement de fond qui touche de plus en plus de licences de jeux vidéo. Une dynamique que devrait également prendre un autre mastodonte de l'industrie : la franchise "GTA". Le 6e et prochain opus de "Grand Theft Auto", prévu pour 2024, devrait permettre pour la première fois la jouabilité d’un personnage féminin. C’est en tout cas ce qu’avait laissé entendre un journaliste de Bloomberg dans un article publié en juillet dernier. Il évoquait alors la possibilité d'un duo à la Bonnie and Clyde au centre de l’intrigue. Le piratage d’une ampleur inédite, qui a touché l’éditeur du jeu Rockstar Games mi-septembre, et les extraits vidéos diffusés par le pirate, ont appuyé l'éventualité.
A Message from Rockstar Games pic.twitter.com/T4Wztu8RW8
— Rockstar Games (@RockstarGames) September 19, 2022
Pour Servane Fischer, de l'association Women in Games, qui prône une féminisation du milieu du jeu vidéo, il s'agirait d'une excellente nouvelle. "Un petit peu de diversité, c’est quelque chose de bienvenue. On va mettre un personnage fort dans un jeu qui avait l’habitude de promouvoir plutôt la place des hommes, ça en a dérangé bien sûr beaucoup."
Un mouvement d'ampleur
La première révélation, datée de juillet, avait en effet déchaîné les réseaux sociaux, avec des messages d'une grande violence adressés à l'éditeur Rockstar Games. "Je pense qu’il y a un besoin de se confronter à cette minorité hurlante pour leur faire comprendre ce mouvement d’inclusivité et de diversité qu’on est en train de pousser plus fort dernièrement", poursuit-elle.
"C’était un mal nécessaire, il va falloir que les gens se fassent à l’idée qu’on peut avoir aussi d’autres personnages féminins, d’autres genres qui n’ont pas été abordés dans le jeu vidéo comme les personnes non-binaires par exemple."
Servane Fischer, de l'association Women in Gamesà franceinfo
C’est une manière aussi de recruter un public plus large de gameuses, ce que les éditeurs n'ont sans doute pas perdu de vue. Il ne serait pas étonnant que le jeu FIFA, qui avait explosé les records de vente en s’écoulant à plus d'un million et demi d'exemplaires rien qu'en France pour son édition 2022, ne réédite voire ne dépasse son exploit. Et n’assoie un peu plus sa domination.
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