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Christ de Borja, Grande Muraille de Chine... Quand les restaurations tournent au tragique

Franceinfo revient sur ces restaurations complètement ratées, qui ont suscité la consternation générale.

Article rédigé par franceinfo
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"Ecce Homo", une peinture murale du XIXe siècle, représentant le Christ de Borja, a été restauré par une octogénaire, à Saragosse (Espagne), en 2012. (CESAR MANSO / AFP)

La restauration d'œuvre d'art est un exercice difficile. La dernière en date, celle d'une statue du Christ, installé dans les bras de la Vierge Marie, dans la ville de Sudbury (Canada), par un artiste local, a suscité l'hilarité sur les réseaux sociaux, mercredi 19 octobre. Franceinfo revient sur ces ratages, qui ont suscité la consternation.

Quand l'enfant Jésus est devenu Lisa Simpson

Il y a d'abord sa couleur, argile orangée, qui tranche avec la pierre d'origine. Et ses traits, plus proches d'une étrange créature que de l'enfant Jésus. Une statue du Christ, installée dans le jardin de l'église Saint-Anne-des-Pins, à Sudbury (Canada), a récemment changé d'apparence, comme le raconte CBC (en anglais), mercredi 19 octobre. Une restauration qui fait suite à un acte de vandalisme.

Comme l'explique à la chaîne le prêtre de la paroisse, Gérard Lajeunesse, "c'est déjà arrivé plusieurs fois, c'est toujours la tête du Christ qui disparaît, certainement parce qu'elle est plus petite et plus facile à casser". Une artiste locale a donc proposé son aide. 

Mais de nombreux paroissiens ont exprimé leur surprise et leur déception lorsque la statue a été complétée (temporairement, assure le prêtre). Quant aux internautes, ils s'amusent de la ressemblance de ce Christ avec le personnage de Lisa Simpson ou bien une gargouille.

Quand le Christ de Borja a été défiguré

Voilà qui évoque la restauration d'Ecce Homo, jugée comme la "pire restauration de l'histoire" par de nombreux commentateurs. Ce portrait du Christ de Borja réalisé au XIXe siècle par Elias Garcia Martinez a été défiguré à l'été 2012. La couronne d'épines avait laissé place à une boule sans forme, et le fin dessin du visage à un aplat livide, digne d'un dessin de Fête des mères.

A l'été 2012, Cecilia Gimenez, âgée de 82 ans, s'était lancée discrètement dans la restauration désintéressée de cette peinture murale, dont les traits fins avaient depuis été abîmés. "Inqualifiable", juge alors le Centre d'études de Borja, qui donne l'alerte sur son blog.

La nouvelle est reprise par un journal local puis fait le tour de la presse espagnole. El Pais dénonce "une restauration qui tourne à la destruction", El Mundo estime lui que "la cure pire [est] que la maladie". Quatre ans plus tard, un opéra a été tiré de cette histoire et le tableau est devenu une véritable attraction touristique. Son auteure a même touché des droits.

Quand la Grande Muraille de Chine a été bétonnée

"On dirait l'œuvre de gens qui n'ont même pas terminé l'école primaire. (...) Au vu du résultat, autant faire exploser tout ça", dénonce un internaute chinois sur Weibo, l'équivalent de Twitter en Chine, le 23 septembre 2016. La raison de sa colère ? La restauration d'un tronçon de la Grande Muraille de Chine, entièrement recouverte d'une épaisse couche de ciment gris. La section de Xiaohekou, longue de 8 km, était pourtant considérée comme l'une des "plus belles" parties de la Grande Muraille.

Face à l'indignation générale, l'Administration nationale du patrimoine historique a expliqué dans un communiqué que les travaux de restauration avaient été menés entre 2012 et 2014, afin de protéger l'ouvrage, abîmé après des inondations. Pas sûr que l'explication ait suffi à calmer la fronde.

Quand un château en Espagne a perdu ses murs d'origine

Le château de Matrera se dresse sur une colline de Villarmartin, près de Cadix (Espagne), depuis le IXe siècle. Mais il a perdu de sa splendeur. Menacée de destruction après de fortes pluies en 2013, la tour médiévale a été en effet restaurée début 2016. Et le résultat déplaît fortement aux locaux.

Les travaux de "consolidation et de restauration", organisés par l'architecte Carlos Quevedo Rojas, ont redonné la forme d'origine au château en 2016. Le problème, c'est que la tour mauresque ressemble désormais à un bloc de béton... De l'avis unanime, un désastre.

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