Chine : les femmes d'avocats emprisonnés défient le régime communiste
Leurs maris ont été arrêtés en 2015 pour avoir défendu les droits de l'homme. Malgré la pression des autorités, ces mères de famille se mobilisent pour les faire libérer et médiatiser leur cas.
En Chine, les avocats défenseurs des droits de l’homme vivent une période sombre. Une douzaine d’entre eux, figures de la profession, sont toujours en prison depuis la vague répressive de 2015 qui a visé 248 avocats selon Amnesty International. Mais ce à quoi les autorités ne s'attendaient pas c'est que, malgré les intimidations et le harcèlement de la police, leurs épouses se mobilisent.
La police m’a dit : prends soin de tes enfants, ne réponds pas aux journalistes ! Ce sont des forces étrangères !
Dans une cité à 80 kilomètres au nord de Pékin, Yuan Shanshan, visage tiré, élève seule ses trois enfants. La jeune femme vit un enfer depuis que son mari, Xie Yanyi, célèbre avocat des droits de l’homme, a disparu le 9 juillet 2015. La mère de famille a attendu janvier 2016, pour que les autorités l’informent de son emprisonnement à Tianjin, sur la côte-est de la Chine.
L'époux de Shanshan défendait des membres du Falun Gong ( secte mélangeant bouddhisme et taoïsme), interdit en Chine, et des dissidents. L'avocat est dans l'attente de son procès, sans être autorisé à ne voir ni sa famille, ni son avocat. "J’ai trouvé un avocat qui a accepté d’assurer la défense de mon mari mais il n’a jamais pû le rencontrer. Je sais que la prison a reçu toutes les lettres que je lui envoyées, mais il ne m'a jamais répondu, ca veut dire qu il n’a pas pu les lire", raconte la jeune femme. "Le bureau de la sécurité nationale m’a dit qu’il ne fallait pas que je rejoigne le groupe des autres femmes d’avocats, qu’il ne faut pas écrire sur internet."
L'État de droit fait un pas en arrière considérable
Selon Nicolas Bequelin, directeur d' Amnesty International à Hong Kong, l'État de droit, sous la présidence de Xi Jinping, recule de façon inquiétante : "Le parti communiste chinois a décidé qu'il devait exercer plus de contrôle direct sur l'appareil judiciaire. Il demande à tous les cabinets d'avocats d'établir une cellule du parti communiste."
"C'est vraiment une période, où, non seulement les avocats mais également les juristes et les universitaires estiment que l'État de droit fait un pas en arrière considérable, sous la nouvelle impulsion autoritaires de Xi Jinping", dénonce Nicolas Bequelin. Courageuses, Shanshan et les autres épouses d’avocats résistent à la pression de la police.
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