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Encellulement individuel : "Une utopie à l’heure actuelle", selon un délégué FO Pénitentiaire

L'encellulement individuel sera au cœur d’un nouveau rapport dévoilé par le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas mardi 20 septembre dans la matinée. Mais déjà, les syndicats pénitentiaires ne cachent pas leur scepticisme.

Article rédigé par franceinfo, Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vue d'une cellule individuelle à la Maison d’arrêt du Mans-Les Croisettes prise en 2009. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Surpopulation carcérale, mutinerie, agression dans l'une des unités dédiées à la dé-radicalisation à Osny, manque de moyens,… le sentiment d'insécurité des personnels pénitentiaires semble atteindre son paroxysme. C’est dans ce contexte que Jean-Jacques Urvoas se rend mardi 20 septembre à la maison d'arrêt de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Le ministre de la Justice doit y dévoiler dans la matinée les grandes lignes d'un rapport sur l'encellulement individuel.

L'encellulement individuel dans la loi depuis plus d'un siècle

L'objectif d'un détenu par cellule est inscrit dans la loi de 1875, mais depuis 140 ans, il n’a jamais été appliqué, comme le souligne un rapport parlementaire sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France. Et alors que la surpopulation carcérale a atteint cet été un nouveau record, avec 69 375 personnes incarcérées pour 58 311 places, il semble d'autant plus hors d'atteinte aujourd'hui. "Comment faire quand on a des établissements qui sont ultra-surchargés avec une population pénale à hauteur de 200% par rapport à la capacité d’accueil", interroge sur franceinfo Samuel Dehondt, délégué FO Pénitentiaire en région parisienne. L’encellulement individuel n’est rien de plus qu’une "utopie à l’heure actuelle", poursuit le syndicaliste.

Le 11 septembre, le Premier ministre Manuel Valls a dit vouloir construire 10 000 places de prison dans les dix ans qui viennent, pour faire face à la surpopulation carcérale d'une part et prendre en compte les prisonniers radicalisés. Mais "pour l’instant malheureusement on est toujours dans la même situation où on doit faire dans l’urgence", s’alarme Samuel Dehondt.

Le débat sur les unités de prévention de la radicalisation (UPRA) relancé

Après l’agression violente début septembre de deux surveillants de la prison d’Osny, dans le Val-d’Oise, la tension est montée d’un cran.  Avec Fresnes (Val-de-Marne), Lille-Annoeullin (Nord) et Fleury-Mérogis (Essonne), la prison d'Osny fait partie des établissements où ont été expérimentées les premières unités de prévention de la radicalisation (UPRA). Quatre-vingt-neuf détenus sont actuellement regroupés dans ces unités, sur 1 400 détenus considérés comme radicaux. 

Des UPRA dépourvues de moyens suffisants, explique Philippe Campagne, secrétaire national du syndicat SNP-FO pénitentiaire. "Ces unités dédiées (unités de prévention de la radicalisation) sont vides de sens. C'est une coquille vide. C'est pour cela qu'aujourd'hui, il y a toute une profession qui est en colère. Depuis l'agression à la prison d'Osny (Val-d'Oise), il y a des surveillants pénitentiaires qui ont peur pour leur vie et qui ont l'impression de ne pas être entendus", avait-il dénoncé le 11 septembre sur franceinfo.

Mais, pour beaucoup, la réponse à la surpopulation carcérale ne réside pas seulement dans la création de places supplémentaires. C’est notamment  la position défendue par la contrôleure général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan. "Je pense que plus on construira de places de prison, plus elles seront occupées et que ça n'est pas une bonne solution, cette inflation carcérale d'année en année ou de décennie ou décennie", avait-elle déclaré sur France Inter en juillet dernier.

Les prisons françaises les plus surpeuplées en août 2016. (Visactu)

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